Volkswagen développe un matériau à base de fibres de chanvre pour remplacer le similicuir

Volkswagen a annoncé développer des matériaux à base de fibres de chanvre pour remplacer de manière écologique le similicuir utilisé dans l’habitacle des voitures.

Cet effort, qui pourrait révolutionner la conception des intérieurs automobiles, s’inscrit dans le cadre des objectifs plus larges de l’entreprise en matière de développement durable et reflète la tendance croissante de l’industrie automobile à adopter des matériaux plus respectueux de l’environnement.

La vision de Volkswagen pour les matériaux intérieurs à base de chanvre

Volkswagen, le géant allemand de l’automobile, a annoncé qu’il collaborait avec Revoltech GmbH, une start-up spécialisée dans les biomatériaux, pour créer un nouveau matériau de surface baptisé LOVR qui signifie “sans cuir, sans huile, végétalien et à base de résidus”.

Ce nouveau matériau est non seulement respectueux de l’environnement, mais aussi évolutif, ce qui signifie qu’il peut être produit dans les usines existantes sans qu’il soit nécessaire de procéder à un rééquipement important.

Andreas Walingen, responsable de la stratégie chez Volkswagen, a déclaré : “Notre objectif clair est de fusionner les souhaits des clients, les exigences en matière de développement durable et les intérêts de l’entreprise”.

Les avantages du chanvre dans la fabrication automobile

Les fibres de chanvre, qui sont étudiées pour cette application, présentent de nombreux avantages qui les rendent adaptées à la fabrication automobile. Ces fibres sont appréciées pour leur durabilité, leur légèreté et leur grande résistance à la traction, ce qui les rend idéales pour produire des composants durables et esthétiques pour l’intérieur des voitures voire pour des voitures entières.

Volkswagen prévoit d’utiliser les fibres de chanvre pour créer la couche extérieure des composants intérieurs tels que les sièges, les tableaux de bord, les panneaux de porte et les volants. Ces matériaux sont non seulement recyclables, mais peuvent également être compostés à la fin de leur durée de vie, ce qui réduit considérablement l’impact sur l’environnement.

En outre, la matière première est un sous-produit des fermes de chanvre régionales qui produisent principalement des graines de chanvre pour l’industrie alimentaire, ce qui garantit que le processus de production est conforme aux principes de l’économie circulaire.

Le développement de matériaux à base de chanvre est une réponse aux inconvénients environnementaux associés au similicuir traditionnel, qui est généralement fabriqué à partir de matériaux synthétiques tels que le polyuréthane (PU), le PVC et la microfibre. Ces matériaux sont connus pour être très polluants en raison de leur dépendance aux combustibles fossiles et des produits chimiques nocifs utilisés dans leur production.

L’évolution vers des matériaux à base de chanvre n’est pas seulement motivée par des préoccupations environnementales, mais aussi par la demande des consommateurs pour des produits plus durables.

Selon Volkswagen, les premières présentations du matériau LOVR ont reçu un accueil positif de la part des consommateurs, ce qui témoigne d’un marché croissant pour les solutions automobiles respectueuses de l’environnement.

Revoltech, le partenaire de Volkswagen dans cette entreprise, a également développé LignoLeaf, un substitut de plastique fabriqué à partir de lignine, un polymère organique que l’on trouve dans les parois cellulaires des plantes. Cela met en évidence le potentiel des matériaux d’origine biologique pour remplacer les plastiques traditionnels et les matières synthétiques dans diverses industries, en particulier dans la construction automobile.

Défis liés à l’adoption des matériaux à base de chanvre

Si les avantages de l’utilisation du chanvre dans la construction automobile sont évidents, plusieurs défis doivent être relevés pour garantir l’adoption réussie des matériaux à base de chanvre à plus grande échelle.

L’un des principaux défis consiste à garantir la qualité et la cohérence des matières premières. Le chanvre étant un matériau naturel, ses propriétés peuvent varier en fonction des conditions environnementales, des méthodes de récolte et des techniques de transformation. Cette variabilité peut entraîner des incohérences dans le produit final, ce qui rend difficile le respect des normes strictes exigées par l’industrie automobile.

Un autre défi réside dans les techniques de traitement et de fabrication requises pour intégrer les fibres de chanvre dans les composants automobiles. Les installations de fabrication traditionnelles peuvent ne pas être équipées pour traiter le chanvre, ce qui nécessite un investissement important dans de nouveaux équipements ou processus.

En outre, il est essentiel de respecter les normes strictes en matière de performance des matériaux, de sécurité et de respect de l’environnement. Les matériaux à base de chanvre doivent subir des tests approfondis pour s’assurer qu’ils respectent ou dépassent les normes industrielles en matière de durabilité, de résistance aux chocs et d’inflammabilité.

L’évolutivité de la chaîne d’approvisionnement constitue également un défi de taille. À mesure que la demande de matériaux à base de chanvre augmente, la chaîne d’approvisionnement doit être capable d’augmenter la production pour répondre à cette demande. Cela implique d’augmenter la culture du chanvre et d’améliorer les capacités de transformation, qui sont encore des industries en développement.

Les matériaux à base de chanvre dans l’industrie automobile au sens large

Volkswagen n’est pas le seul constructeur automobile à explorer l’utilisation du chanvre et d’autres fibres naturelles dans la construction automobile. Audi, par exemple, a expérimenté des composites à base de chanvre pour les garnitures intérieures. BMW a utilisé le chanvre dans sa voiture électrique i3, dont les panneaux de porte sont fabriqués à partir d’une combinaison de chanvre et d’autres fibres naturelles.

Ford, pionnier en matière de matériaux durables, a testé les fibres de chanvre pour les utiliser dans les composants intérieurs et a incorporé des composites à base de fibres naturelles dans des modèles tels que la Ford Focus.

Mercedes-Benz et Volvo ont également intégré des fibres naturelles, dont le chanvre, dans leurs véhicules afin de réduire le poids et d’améliorer la durabilité et réduire l’impact environnemental de la construction automobile.

Une Porsche de course, la 718 Cayman GT4 Clubsport, est aussi en partie composé de fibres de chanvre, une alternative à la fibre de carbone.