Cannabis au Canada

Le Victoria Cannabis Buyers Club fête ses 20 ans

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Ce mois-ci, le Victoria Cannabis Buyers Club fête ses 20 ans. 20 ans d’activisme et 20 ans d’aide aux patients. Voici l’histoire de sa création, par Ted Smith, son fondateur.

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« Lorsque j’ai déménagé à Victoria en septembre 1995 pour commencer un chapitre de Hempology 101 [disponible sur Amazon], mon objectif principal était le chanvre. Avec 6 générations de fermiers canadiens des deux côtés de ma famille, je pensais les soutenir, me battre pour leur futur économique et pour la planète. Je n’ai pas dû attendre longtemps avant que certains patients changent mon destin.

A cette époque, les travaux de Dennis Peron et du San Francisco Cannabis Buyers Club commençaient à circuler. Le cannabis soulageait les nausées et les douleurs des personnes atteintes du VIH/SIDA comme aucun autre médicament. Avec le soutien du gouvernement local, le San Francisco CBC faisait un travail magnifique pour sensibiliser le public aux bienfaits du cannabis en un acte ouvert de désobéissance civile.

C’est à ce moment-là que j’ai commencé à rencontrer des patients. Ils m’ont appris à quel point le cannabis était important pour eux. En particulier, je me souviens d’une jeune femme qui s’accrochait à la vie, et qui m’expliquait qu’elle ne pouvait pas vivre sans. Je vivais alors dans ma camionnette, allant à des conférences, traînant à l’Université de Victoria et m’immergeant dans la vie de la Côte Ouest. Me nourrir de bouillon de poulet et vivre dans la pauvreté pour la première fois de ma vie m’a convaincu des effets terribles de la guerre contre la drogue et a renforcé ma décision de changer les choses.

Rencontrer un jeune cuisinier qui vendait des cookies, des brownies, des pommades et des huiles de massage au cannabis a eu un énorme effet sur moi. Alors que je savais que le cannabis et le hash pouvait être utilisé dans de la nourriture, je n’avais jamais pensé qu’il pouvait tout aussi bien être efficace en crème. J’ai alors lu le livre de Chris Bennet, Green Gold: Marijuana in magic and religion [aussi disponible sur Amazon], je me suis aperçu que cette plante avait été utilisée en médecine bien longtemps avant que Jésus ne soigne les lépreux. Leslie faisait du bénévolat avec plusieurs associations SIDA/VIH et beaucoup de gens venaient chez elle pour me raconter comment les cookies au cannabis les aidaient à reprendre du poids et à se sentir de nouveau en vie.

Dans le même temps, je voyageais souvent à Vancouver pour rester en lien avec le mouvement là-bas. Peu après sa prise de fonction en tant que gérant de Hemp BC, Hilary Black a commencé à vendre du cannabis à des patients à l’arrière de sa boutique. En fait, beaucoup de gens à travers le Canada s’écartaient de la loi pour délivrer du cannabis aux personnes malades, mais personne n’avait encore formé d’organisation publique avec un mandat et des informations pour être contacté.

Il m’a fallu peu de temps avant de comprendre que nous avions besoin d’un Cannabis Buyers Club à Victoria pour assurer les patients d’un accès rapide à toutes formes de produits au cannabis. Parvenir à avoir une autorisation n’a pas été une chose facile, le CBC de San Francisco n’avait que très peu d’informations pour nous aider et Hilary se décidait cas par cas. Leslie et moi avons parlé pendant des moins pour savoir à qui donner accès, car il était très important de s’assurer que les patients souffrent de problèmes médicaux qui étaient assez graves pour invoquer des protections constitutionnelles sans priver toutefois certaines personnes d’un accès pour une mauvaise raison. A l’époque, mentionner l’usage du cannabis comme un médicament était le moyen le plus sûr pour convaincre un médecin que vous étiez un drogué, plus concerné par la défonce que par la guérison. Nous devions créer un mandat qui soit juste pour les patients, acceptable par le public et convaincre la justice qu’utiliser du cannabis comme médicament était un droit constitutionnel.

Ensemble, nous avons décidé de demander aux patients de prouver qu’ils avaient un diagnostic écrit par un médecin confirmant qu’ils avaient une maladie ou un handicap physique permanent. Nous pensions que ce mandat assurerait à tous nos patients souffrant de problèmes de santé que la justice considérerait cela comme suffisant pour traiter le cannabis comme une nécessité médicale. En ne mentionnant pas au médecin que le patient allait utiliser les services du club, nous étions capable de protéger nos membres de n’importe quelle réaction du système médical à la suite de l’éventuelle divulgation de leur utilisation du cannabis comme médicament.

Au tout début, les services que nous fournissions étaient minimaux. Pour plusieurs raisons, j’étais déterminé à ne pas gagner d’argent en vendant du cannabis à des malades et à des mourants. Lorsque je recevais un appel sur mon pager, j’allais souvent lui rendre visite pour prendre son argent avant d’aller chercher son médicament, souvent en prenant mon vélo pour économiser de l’essence. Comme je savais que je pouvais être arrêté à n’importe quel moment, transporter de grandes quantités dans mon van paraissait la meilleure façon de prendre beaucoup de risques et de devenir une cible pour les voleurs. C’est au bout de plusieurs mois que Leslie m’a finalement convaincu de prendre plus que le coût du médicament pour que le club puisse acheter des balances, un coffre fort et les équipements dont nous allions avoir besoin dans notre future vitrine.

Entre temps sur la terre ferme [Victoria est située sur une île au large de Vancouver], Hilary avait fait équipe avec Theo, un jeune homme de Hempology 101, pour créer le Vancouver Medical Marijuana Buyers Club avec un mandat similaire. Malheureusement après quelques mois, Hilary est parti pour voyager en Europe et en Californie et en apprendre plus sur le cannabis thérapeutique et Theo n’avait pas pu continuer à faire fonctionner l’organisation. Pendant 8 mois, il n’y a plus eu d’organisation de cannabis médical à Vancouver, jusqu’à mai 1997 lorsqu’Hilary est revenu pour créer le BC Compassion Club Society.

A ce moment, j’avais pu déménager dans un petit appartement en bordure de centre-ville pour l’utiliser comme d’une base. Pendant 5 ans, le Club a utilisé ce petit appartement, le temps que nous grossissions et que nous puissions avoir plus de ressources. En mars 2001, après un raid de la police dans l’immeuble, nous avons déménagé dans un vrai magasin, et le reste, comme ils disent, fait partie de l’histoire.

Aux USA, le San Francisco CBC a aussi vécu un raid de la DEA et a fermé. En réponse, les activistes ont ouvert une douzaine de clubs partout autour de San Francisco et ont continué leur combat. D’autres organisations méritent un hommage dans le lutte pour la légalisation du cannabis médical en Californie, dont la Wo/Men’s Alliance for Medical Marijuana (WAMM), un collectif de jardiniers qui donnaient du cannabis gratuit aux malades qui en avaient besoin. Le plus vieux collectif de cannabis médical, WAMM, a aussi joué un rôle dans l’acceptation du cannabis médical. »

Le Victoria Cannabis Buyers Club a survécu pendant 20 ans, à 5 raids de police, de trop nombreux vols, et beaucoup de troubles internes. Le mouvement de légalisation du cannabis au Canada devrait amener un peu de calme à cette situation, tout en confirmant les causes du combat de Ted Smith.

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