Cannabis au Royaume-Uni
Un commisaire anglais a quasiment légalisé la weed
Gros effet d’annonce, pour une initiative originale : Ron Hogg, commissaire de la ville de Durham, dans le Nord-Est de l’Angleterre, a annoncé qu’il ne poursuivrait plus les personnes cultivant du cannabis pour une consommation personnelle, ou celles qui fument de manière « non-flagrante ». A la place, ses forces de police se focaliseront sur les millions de livres amassées par le crime organisé, les dealers et les gangs de rue. Pour l’Angleterre, c’est l’une des premiers pas les plus significatifs en vue d’une dépénalisation formelle.
La culture du cannabis est toujours classifiée par le Service des poursuites judiciaires de la Couronne comme une infraction pénale pouvant être sanctionnée de 14 ans de prison. Mr Hogg a rapporté au journal The Independent que, bien qu’il ne croit pas que le cannabis devienne légal en Angleterre, ses agents de police n’allaient plus pénaliser les petits cultivateurs et les fumeurs discrets.
« Notre objectif est de réduire la violence. Et comme le cannabis cause certains préjudices, nous sommes toujours résolus à empêcher les gens de consommer cette drogue. Mais nous préférons voir nos ressources affectées au traitement des drogués et réduire le nombre de victimes de crimes liés au cannabis ainsi que la récidive. »
Sa déclaration suivait un commentaire récent d’un des chefs de la police de Durham qui rappelait qu’enquêter et poursuivre les toxicomanes était une « perte de temps pour la police ». Mr Hogg a également rencontré les militants pro-cannabis de sa région, regroupés sous l’association Teeside Cannabis Club. Cette coopération avec la communauté des cultivateurs locaux de cannabis n’aura aucune incidence sur la répression du crime organisé et de la culture industrielle de marijuana. Mr Hogg en a d’ailleurs profité pour ajouter que s’il tombait sur quelqu’un qui fumait un joint dans la rue principale de Durham, il risquait toujours de se faire arrêter.
Mr Hogg sert dans la police anglaise depuis plus de 30 ans. La campagne pour son élection avait été soutenue par le parti Travailliste. Son initiative est remontée jusqu’aux oreilles de la Ministre de l’Intérieur, Theresa May, qui craint que son idée ne fasse des émules. Les chiffres suivants pourraient en partie rassurer Mme May :
- le volume de cannabis saisi entre 2012 et 2014 a augmenté de 45% mais le nombre de pieds saisi dans la même période a diminué de 11%, à un peu plus de 450 000
- 90% des raids contre des « plantations » n’impliquait pas plus de 50 pieds
Les personnes qui cultivent sont donc majoritairement détachés du crime organisé, même si au-delà de 5 pieds, le cultivateur est loin de le faire pour une consommation personnelle.
Le Ministère de la Justice a toutefois tenu bon de rappeler que « faire pousser du cannabis pour un usage personnel est illégal, et ceux qui le font s’exposent à des sanctions judiciaires. Le Gouvernement n’a aucun plan de légalisation du cannabis en Grande Bretagne car il y a des preuves scientifiques et médicales que le cannabis peut nuire à la santé physique et mentale des citoyens. »