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Facebook filtre les pages parlant de cannabis

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Facebook a récemment mis à jour ses filtres concernant le cannabis. Le géant des réseaux sociaux a ainsi rendu invisible toutes les pages contenant dans leur nom les termes « cannabis » ou « marijuana ». Elles existent toujours et sont accessibles via Google ou pour les abonnés mais quiconque les recherche directement sur la barre de recherche Facebook n’obtiendra aucun résultat, une pratique appelée shadow-banning.

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Une attitude incohérente

Cette pratique est justifiée par les Community Standards de la plateforme qui stipulent : « Afin d’encourager la sécurité et la conformité avec les restrictions légales communes, nous interdisons toutes les tentatives par des individus, des fabricants ou des vendeurs, d’acheter, de vendre ou de faire commerce de substances non médical, de médicaments pharmaceutiques ou de cannabis ».

Cependant, jusqu’ici, Facebook avait strictement visé les cultivateurs, les dispensaires et les entreprises qui font commerce du cannabis. Or, sa nouvelle politique touche les agences de régulation, les médias ou les entreprises du cannabis qui opèrent dans un cadre légal.

Mason Tvert, vice-président des relations publiques et de communication à VS Stratégies, une entreprise de consulting autour du cannabis basée à Denver, déclare : « C’est ridicule, le cannabis est une question politique majeure au niveau fédéral ainsi que dans de nombreux États. Il n’y a aucune raison rationnelle pour bloquer les recherches incluant le terme cannabis quand c’est un sujet de discussion aussi populaire ».

Une attitude louche

L’attitude de Facebook sur ce point est incompréhensible. Après avoir été contacté par le Bureau de Contrôle du Cannabis californien, un représentant Facebook a demandé plus de détails sur la situation et a arrêté de répondre une fois les détails reçus.

« Il est clair que quelque chose est arrivé mais on ne sait pas quoi » affirme Sylvia Chi, une avocate basée à Oakland dont certains clients travaillent dans le milieu du cannabis. « Je pense que leurs Community Standards autour du cannabis sont problématiques ». Elle ajoute que Facebook a mis à jour cette année ses standards sur les publicités autour des armes à feu, les rendant inaccessibles aux utilisateurs mineurs : « ils pourraient faire la même chose pour le cannabis, c’est juste un manque de volonté ».

Un coup dur pour les compagnies du cannabis

Facebook est une plateforme incontournable pour toutes les entreprises, qu’elles soient dans le domaine du cannabis ou pas. C’est en effet un outil de communication puissant qui permet un contact client facilité. Pour les entreprises du cannabis, qui étaient déjà restreintes sur la publicité, la disparition de leur page les prive de toute visibilité. Rosie Mattio, fondatrice de New York’s RMPR, une firme de relations publiques qui travaille avec des compagnies du cannabis déclare : « c’est un coup dur pour le business du cannabis. La page des entreprises sur les réseaux sociaux sont aussi importantes, si ce n’est plus, que leur site web ».

En outre, le filtre ne s’applique qu’au nom de la page et pas au contenu. Les entreprises cannabiques qui n’ont pas dans leur nom les mots « interdits » ne sont pas touchées par cette discrimination. Cela biaise par exemple la visibilité d’entreprises concurrentes. Au Canada par exemple, malgré la légalité imminente du cannabis, Aurora Cannabis, un des leaders mondiaux dans le domaine, n’apparaît pas alors que son concurrent Aphria apparaît.

Pas d’accès à l’information

Cette situation ne touche pas que les entreprises. Elle entrave également l’accès à l’information pour tout le monde. Les médias dont le nom comporte cannabis sont invisibles alors qu’ils n’ont aucun lien avec le commerce du cannabis et n’en vantent pas forcément les mérites.

Cette situation porte d’ores et déjà préjudice : en Californie, les entreprises ont jusqu’au 27 août pour commenter et contester les régulations définitives de l’État mais avec l’invisibilité de la page du BCC, le dialogue est rendu plus difficile. Alex Traverso, le chef du bureau de communication de l’agence a déclaré : « nous sommes une agence d’État. Nous ne vendons pas de produits cannabiques. Nous ne militons pas pour son usage. Notre rôle est strictement informationnel et nous usons de la plateforme comme d’un outil pour communiquer avec les gens sur le travail que nous faisons et d’être transparent sur ce que nous faisons ici ». Conséquemment à l’application du nouveau filtre, il déplore une baisse d’au moins 2 000 vues par publication.

De notre côté, nous constatons depuis le début de l’année 2018 et une des évolutions de l’algorithme Facebook une forte baisse de visibilité de la page Facebook Newsweed. Le réseau a récemment fait le choix de relever la visibilité des posts des contacts au détriment de celles des Pages.

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