Addiction
Sevrage du cannabis : à quoi s’attendre ?
Les partisans du cannabis rejettent généralement l’idée qu’il existe un syndrome de sevrage du cannabis. On entend régulièrement des déclarations telles que : « J’ai fumé de l’herbe tous les jours pendant 30 ans et j’ai arrêté sans problème. Ce n’est pas une dépendance ».
Certains chercheurs sur le cannabis, en revanche, décrivent de graves symptômes de sevrage qui peuvent inclure l’agressivité, la colère, l’irritabilité, l’anxiété, l’insomnie, l’anorexie, la dépression, l’agitation, les maux de tête, les vomissements et les douleurs abdominales.
Compte tenu de cette longue liste de symptômes de sevrage cannabique, un consommateur qui tenterait de réduire ou d’arrêter sa consommation de cannabis pourrait douter. Qu’en est-il vraiment ?
Quand faut-il arrêter le cannabis ?
La définition standard du trouble de l’usage du cannabis, aussi plus simplement appelé addiction au cannabis, repose sur la présence d’au moins deux des critères suivants :
- consommer plus que prévu
- passer beaucoup de temps à consommer
- avoir envie de consommer
- avoir des problèmes à cause de la consommation
- consommer dans des situations à haut risque
- avoir des problèmes à cause de la consommation
- avoir une tolérance ou un sevrage après l’arrêt de la consommation
À mesure que le cannabis devient légalisé et plus largement accepté, et que nous comprenons qu’il est possible d’être tolérant et d’avoir un sevrage physique ou psychologique à de nombreuses substances sans nécessairement en être dépendant (comme les opiacés, les benzodiazépines et certains antidépresseurs), cette définition semble obsolète et trop inclusive.
Par exemple, si l’on substituait le mot « café » au mot « cannabis », une grande partie des 70% de Français qui boivent du café quotidiennement souffriraient d’un « trouble de la consommation de caféine ».
Une définition plus simple et plus familière de la dépendance au cannabis serait peut-être plus utile pour évaluer une surconsommation de cannabis : une consommation persistante malgré des conséquences négatives.
Si votre consommation de cannabis nuit à votre santé, perturbe vos relations ou interfère avec vos performances professionnelles, il est probablement temps d’arrêter ou de réduire considérablement votre consommation et de consulter votre médecin. Dans le cadre de ce processus, vous aurez peut-être besoin d’un soutien ou d’un traitement si vous ressentez des symptômes de sevrage inconfortables, ce qui peut rendre l’arrêt de la consommation beaucoup plus difficile.
Quels sont les symptômes du sevrage du cannabis ?
Les symptômes du sevrage du cannabis sont les suivants :
- une diminution de l’appétit
- changements d’humeur
- irritabilité
- difficultés de sommeil, y compris l’insomnie
- maux de tête
- perte de concentration
- des envies de cannabis
- transpiration, y compris sueurs froides, notamment pendant la nuit
- frissons
- augmentation des sentiments de dépression
- des problèmes d’estomac…
Ces symptômes peuvent aller de légers à plus graves, et ils varient d’une personne à l’autre, même s’ils seront toujours plus légers qu’avec d’autres substances comme l’héroïne. Ces symptômes ne sont pas nécessairement graves ou dangereux, mais ils peuvent être désagréables. Plus longtemps vous avez consommé du cannabis, plus vous êtes susceptible de ressentir des symptômes de sevrage.
Pourquoi le cannabis cause des symptômes de sevrage ?
La consommation régulière habitue le cerveau et le corps à un apport régulier en THC. Lorsque cet apport est interrompu, le corps met un certain temps à s’habituer à ne plus en avoir. Cela provoque des symptômes de sevrage physiques et psychologiques inconfortables.
Une fois que le cerveau et le corps se sont adaptés à l’absence de THC, les symptômes physiques de sevrage cessent. Cependant, les personnes peuvent encore ressentir des envies psychologiques de cannabis pendant un certain temps.
Le sevrage du cannabis peut donc prendre un certain temps ,variable selon les individus, leur métabolisme et leurs habitudes de consommations passées. C’est d’ailleurs la même chose quand on se demande combien de temps le THC reste dans l’organisme. Les mêmes facteurs influent sur la persistance du tetrahydrocannabinol dans le corps humain (cheveux, urine, sang, salive…).
Comment prévenir ces symptômes ?
Si vous êtes prêt à arrêter de fumer, vous pouvez tout à fait parler à un médecin ou à un spécialiste de la toxicomanie. Vous n’aurez peut-être pas besoin d’instructions particulières, mais c’est toujours une bonne idée de consulter quelqu’un au sujet de votre décision. À tout le moins, cette personne peut être une bonne source d’inspiration et de responsabilisation.
Si vous fumiez régulièrement et souvent, le fait de diminuer graduellement et lentement votre consommation de cannabis peut vous aider à vous familiariser avec une vie sans cannabis. Si vous ne fumiez qu’à l’occasion, vous pourriez être en mesure d’arrêter complètement sans réduction progressive.
Lorsque vous êtes prêt à arrêter de fumer, prenez les mesures suivantes pour faciliter la période de sevrage initiale de 24 à 72 heures :
- Restez hydraté. Buvez beaucoup d’eau et évitez les boissons sucrées et caféinées comme les sodas
- Mangez des aliments sains. Faites le plein de fruits et légumes frais et de protéines maigres. Évitez la malbouffe, qui peut vous rendre léthargique et irritable
- Faites du sport tous les jours. Faites au moins 30 minutes d’exercice par jour. Cela donne un coup de fouet naturel à l’humeur et peut aider à éliminer les toxines en transpirant
- Trouvez du soutien. Entourez-vous d’amis, de membres de votre famille et d’autres personnes qui peuvent vous aider à surmonter les symptômes de sevrage que vous pouvez ressentir
Quels sont les bienfaits de l’arrêt du cannabis ?
Si vous avez décidé d’arrêter le cannabis, soit pour réduire votre tolérance soit parce qu’il interférait trop avec votre vie quotidienne, le sevrage du cannabis devrait remplir son objectif initial. Toutefois, l’arrêt du cannabis peut aussi avoir des effets bénéfiques sur votre corps.
Meilleure respiration
La fumée, quelle qu’elle soit, est nocive pour les poumons. La consommation fréquente de cannabis est associée à une toux matinale ou à des symptômes de bronchite chez les jeunes adultes. La bonne nouvelle est que vos poumons peuvent commencer à guérir dès un à trois jours après avoir arrêté le cannabis (et peuvent continuer à guérir pendant plusieurs années). Cependant, vous pouvez subir des dommages irréparables aux poumons, selon la quantité et la durée de votre consommation de cannabis.
Meilleure mémoire
Votre cerveau mettra un peu plus de temps à se réparer une fois que vous aurez arrêté le cannabis, même si le processus commence immédiatement. Après quatre semaines d’abstinence, les récepteurs cérébraux qui régulent les processus neurologiques – tels que le plaisir, la motivation, la mémoire, l’apprentissage, la fonction cognitive et le contrôle de la motricité fine – commencent à retrouver un fonctionnement normal.
Meilleur sommeil
Le cannabis peut vous aider à vous endormir, mais la qualité de ce sommeil en pâtit. Même après avoir arrêté le cannabis, il est courant de rencontrer des problèmes de sommeil persistants.
Jusqu’à plusieurs jours ou semaines après l’arrêt de la consommation de cannabis, certaines personnes peuvent souffrir d’insomnie, tandis que d’autres peuvent faire des cauchemars ou des rêves plus vifs qui perturbent leur sommeil – mais ces problèmes ont tendance à s’estomper 10 à 20 jours après l’arrêt du cannabis.
Réduction de l’anxiété
Si le cannabis vous fait ressentir de l’anxiété, de la panique ou de la paranoïa, vous n’êtes pas seul. Les cannabinoïdes, et notamment le THC, peuvent surstimuler l’amygdale – la partie du cerveau qui contrôle les émotions telles que l’anxiété, la panique, la paranoïa et la peur. Heureusement, vous pouvez vous débarrasser de ces émotions négatives dès quelques jours à deux semaines après avoir arrêté le cannabis.
A qui s’adresser au besoin ?
Si vous deviez vous faire aider pour arrêter le cannabis, vous pouvez notamment contacter le CSAPA le plus proche de chez vous. Ces Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie, des lieux dédiés aux problèmes de dépendance, sauront vous écouter et vous accompagner, sans jugement, dans votre parcours.