Science du cannabis
Des scientifiques identifient les gènes qui donnent au cannabis ses arômes
Avancée ou menace ? Comme dans toute recherche, la découverte peut être à double-tranchant. Des scientifiques de l’université de Colombie-Britannique (UBC) ont scanné le génome de plantes de cannabis à la recherche des gènes responsables des différents arômes citronnés, skunk ou terreux des nombreuses variétés de cannabis.
« Le but est de développer des variétés de cannabis bien définies et hautement reproductibles. Ce processus est similaire à celui de l’industrie du vin, qui dépend de variétés définies comme le chardonnay ou le merlot pour des produits de grande qualité » explique Jörg Bohlmann, professeur au laboratoire Michael Smith et professeur en agroforesterie à l’UBC. « Nos travaux génomiques peuvent montrer aux breeders de variétés commerciales à quels gènes faire attention pour développer des qualités aromatiques spécifiques ».
Cette recherche fait partie d’une collaboration en cours entre une étudiante et un professeur de l’UBC, et Jonathan Page qui a fondé l’entreprise de biotechnologie et de testing de cannabis Anandia Labs.
Ils ont trouvé environ 30 gènes de terpènes synthase, les gènes à l’origine de la production de terpènes, qui contribuent donc à la diversité des arômes du cannabis. Ce nombre est similaire à ceux présents dans les raisins utilisés par l’industrie du vin. Les gènes découverts par les chercheurs jouent un rôle dans la production des terpènes comme le limonène, le myrcèneou le pinène.
« Le limonène produit une odeur de citron et le myrcène donne plutôt les odeurs de terre caractéristiques des Purple Kush » dit Judith Booth, étudiante diplômée de l’UBC qui travaille avec Anandia Labs dans le cadre de ses études.
Ils ont aussi mis en évidence le gène qui produit l’odeur caractéristique du cannabis, le beta-caryophyllène, et qui interagit avec les récepteurs cannabinoïdes du corps humain tout comme les autres principes actifs du cannabis.
Bohlmann dit que le potentiel économique d’une industrie régulée du cannabis est énorme, mais que le défi actuel est que les cultivateurs travaillent avec des cultures qui ne sont pas standardisées et hautement variables.
« Il y a un besoin pour des produits stables et de grande qualité, faits à partir de variétés bien définies » dit-il.
Les chercheurs expliquent également qu’il sera aussi important d’examiner jusqu’à quel point les terpènes interagissent avec les cannabinoïdes comme le THC ou le CBD, qui donnent tous deux ses propriétés médicales au cannabis. Jusqu’à présent, les études n’attribuaient ces effets qu’aux cannabinoïdes, mais il se pourrait que les terpènes influent également sur l’efficacité thérapeutique du cannabis.