Cannabis au Royaume-Uni
Le Royaume-Uni reçoit son premier lot de cannabis médical
Le Royaume-Uni a reçu jeudi dernier sa première cargaison de cannabis médical. Elle permettra aux patients bénéficiant d’une ordonnance de se procurer légalement et de manière sure la plante en pharmacie. Depuis novembre dernier, date de la légalisation britannique, les patients autorisés n’avaient quasiment pas accès aux traitements à base de cannabis.
Un médicament inaccessible
Les patients, pour qui le cannabis est souvent la seule option de traitement efficace, n’avaient auparavant d’autres choix que de se le procurer eux-mêmes. Bien que légal, le médicament était jusqu’ici absent des pharmacies. Néanmoins, même les importations individuelles se sont révélées extrêmement complexes.
En premier lieu à cause des lois d’importation qui requièrent que le cannabis soit importé par une entreprise ayant obtenu une licence à cet effet. Et en deuxième lieu, à cause des coûts importants que cela suppose pour les patients. Le traitement est à l’origine censé être remboursé par le système de santé publique mais, devant la réticence des services de santé publique à prescrire le médicament, la plupart des patients autorisés ont eu recours à des médecins privés. En effet, les instances médicales publiques ont expressément recommandé aux docteurs publics de ne pas prescrire le médicament du fait du manque de preuves cliniques de son efficacité.
Pour les patients, le cannabis coûtera 700£ (800€) par mois et par once (28 grammes), soit quasiment 30€ le gramme. Le cannabis illicite est au moins trois fois moins cher mais non testé et d’une qualité aléatoire avec, qui plus est, des taux de THC inconnus, et donc peu adapté à la précision requise pour une thérapie. Pour les patients qui n’ont pas les moyens de payer le prix fort et qui se sont vus refuser le traitement par les services publics, le cannabis « illégal » est toutefois toujours considéré comme une option.
La création d’une route d’approvisionnement
La cargaison de 800g de cannabis légal a été importée des Pays-Bas. Elle est composée de 400g de fleurs Afina et 400g de fleurs Bedica, toutes les deux produites par Bedrocan. Cette quantité relativement faible est due à la faible quantité de patients enregistrés. La cargaison sera stockée dans une pharmacie, dont l’emplacement est tenue secrt, pour être ensuite distribuée aux patients à leur domicile ou au travers de leur pharmacie locale.
« C’est le premier exemple de la création d’une véritable route d’approvisionnement » explique Henry Fischer de Grow Biotech, la start-up qui a importé le cannabis en collaboration avec IPS Specials et European Cannabis Holdings. « Jusqu’ici il n’y a eu que des importations individuelles de faibles quantités ».
Bien que le programme de cannabis médical britannique soit encore très imparfait, cette importation est un premier signe de la mise en place d’un accès sûr au cannabis pour les quelques patients autorisés. Qui plus est, le stock restant pourra garantir les nouvelles prescriptions et de nouvelles importations assureront la continuité de l’approvisionnement. Face à l’absence de production domestique – si ce n’est dans le cadre de la recherche – le Royaume-Uni risque de dépendre encore longtemps des importations étrangères.