Cannabis au Royaume-Uni
Royaume-Uni : 17 000 patients avec une carte d’usager de cannabis médical
Elle s’appelle la Cancard, mais beaucoup préfèrent l’appeler la « carte sortez de prison », en référence au célèbre jeu de société Monopoly. Seulement trois mois après son lancement, 17 380 Britanniques se déplacent désormais avec ce rectangle bleu marine dans leur poche. L’objectif ? Ne pas être arrêté pour possession de cannabis lorsque vous êtes un patient qui vous soignez avec la plante.
La Cannabis Card était lancée en fin d’année 2020 par la patiente et militante Carly Barton, avec le soutien de l’industrie du cannabis thérapeutique. Et même si ce document n’a rien d’un papier officiel émis par le ministère de la Santé, le succès est au rendez-vous. « Un policier m’a approché pour savoir ce que je vapotais, raconte un patient britannique à Vice UK. J’étais très stressé, mais je lui ai expliqué et montré ma carte. Il m’a répondu qu’il aimait l’allure de cette carte, et m’a souhaité bon courage. »
Au Royaume-Uni, le cannabis thérapeutique est un semi-fiasco. Lancé en 2018, ce programme n’est en réalité accessible qu’aux personnes les plus aisées. Les prescriptions de cannabis émises par le NHS – le service public de santé – sont très rares. Pour les plus riches, il faut donc se tourner vers les cliniques privés, et payer 1500 livres (1700 euros) par mois, d’après le fondateur de cette carte.
Les patients achètent au marché noir… et craignent la police
Conséquence : les patients continuent d’acheter leur cannabis au marché noir. Mais avec cette substance dans la poche, la police peut les considérer comme un simple consommateur de drogue. D’où l’idée de créer une carte « sortez de prison », afin de protéger ces patients d’une éventuelle arrestation.
Une idée soutenue par les forces de l’ordre, en l’occurrence la Fédération de Police d’Angleterre et de Galles (124 000 agents) et le Conseil National des Commissaires de Police. « Le fait que ces patients retrouvent confiance en la police montre qu’il est important de donner aux agents toutes les informations nécessaires pour faire leur métier avec justesse et efficacité. La Cancard aide à faire cela », salue un policier, cité par Vice.
« Je tiens à remercier la police pour avoir travaillé à réduire le stress chez les patients, stress lié à une médication qui leur fait du bien », apprécie la fondatrice du document. Selon Cancard, 20 autres polices locales britanniques se renseignent pour rejoindre, eux aussi, la carte bleu marine. Quelques députés apprécient également cette initiative. Le gouvernement, lui, n’a pour l’instant pas réagi officiellement, ni pour soutenir, ni pour dénoncer.