Cannabis en France

Pour la Global Commision, la politique anti-drogue en France est un échec

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La Global Commission on drug policy s’est récemment exprimée dans une tribune du Monde sur la politique anti-drogue en France. Leur constat est sans appel : c’est un échec.

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La commission, qui rassemble d’anciens chefs d’Etat, de gouvernement ou des hommes d’affaires comme Richard Branson, considère que la politique prohibitionniste que mène la France en matière de drogue depuis des décennies est « un échec ». Cette déclaration fait notamment écho à la dernière enquête du Baromètre Santé 2016, réalisée par l’Observatoire français des drogues et toxicomanie (OFDT). Cette étude révèle que 17 millions de personnes ont déjà consommé du cannabis, dont 5 millions de consommateurs annuels, ce qui fait de l’Hexagone le premier pays consommateur de cannabis d’Europe. En parallèle, la consommation générale des drogues est en hausse. Ainsi, les auteurs de la tribune expliquent que la meilleure solution serait de dépénaliser les drogues, dont le cannabis.

En France, la possession ou la consommation de cannabis reste strictement interdite. Le 23 mai dernier, le Ministre de l’Intérieur Gérard Collomb annonçait sur RMC une contraventionnalisation pour possession de cannabis, « d’ici trois à quatre mois » dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants.

Une politique en matière de drogues jugée trop répressive et inefficace

Les membres de la Global Commission qui signent cette tribune insistent sur le fait que la politique en matière de drogues en France est trop répressive. Le résultat direct est une augmentation de la consommation. Derrière cette répression de façade se cachent pour eux d’autres répressions, notamment celles des populations plus pauvres souvent issues des quartiers sensibles. Ces personnes se retrouvent piégées dans cette sphère, punies pour un simple usage de cannabis, et sont confrontée aux différentes violences des autorités policières, auxquelles elles peuvent répliquer à leur tour.
Pour un usager, la consommation de cannabis n’entraîne pas d’actes de violence ou de menaces envers la société, et relève uniquement du choix de vie de la personne. « Les personnes qui consomment des drogues en deviennent parfois dépendantes, dans le cadre pathologique de l’addiction. Bien plus souvent, cependant, elles le font d’une façon qui ne nuit potentiellement qu’à elles-mêmes » souligne la tribune.
Certaines personnes préfèrent se tourner vers des substances légales comme l’alcool ou le tabac. D’autres consomment du cannabis sans changement sur leur mode de vie ou sur leur insertion professionnelle, si la consommation est modérée. Réguler la possession et la consommation des drogues dans la sphère privée pourrait ainsi s’ajouter aux libertés qu’un individu aurait le droit d’exercer, au même motif que l’alcool.

Prévention et décriminalisation

Cette répression des drogues met en exergue un manque de prévention sur les drogues (et le cannabis) qui mène à d’éventuelles addictions, des personnes qui se retrouvent isolées de la société.

Les auteurs de la tribune expliquent : « Apprécier la diversité des raisons qui poussent les individus à consommer et accepter la réalité de la présence de l’usage des drogues dans la société conduit à élaborer des politiques publiques axées sur l’individu, offrant les chances à un maximum de citoyens de mener une vie saine et équilibrée. » Prenons l’exemple du Portugal. Le gouvernement portugais à été le premier pays d’Europe à dépénaliser la consommation de drogues en 2001. Si l’on se base sur les statistiques, il s’agit du pays où la dépendance des drogues est la plus faible du continent. Concernant le cannabis, la consommation de des 15-64 ans est de moins de 8% de la population.

La tribune préconise finalement davantage de prévention sur les drogues, une dépénalisation de la possession et de la consommation des drogues en France, et notamment concernant « la sphère privée et le droit à la santé ». Elle demande également aux gouvernements successifs de se baser sur des études scientifiques plutôt que sur une « idéologie » qui subsiste depuis des décennies. D’autant plus que d’après un sondage Ipsos réalisé en octobre 2016, près de la moitié de la population française se dit favorable à autoriser la consommation de cannabis, sous conditions.

Au-delà de cette tribune, Richard Branson, également membre de la Global Commission, s’est positionné à de nombreuses reprises sur le sujet. Lors d’un passage dans un salon de cannabis aux Etats-Unis, il a appelé à une légalisation du cannabis en expliquant qu’il s’agit du « seul moyen de faire émerger les problèmes qui arrivent avec les drogues qui ne sont pas régulées et dont l’offre est laissée aux mains des mafias. Notre commission a travaillé dur sur ça. Nous avons connu des succès et des échecs, nous allons continuer jusqu’à faire changer l’avis des gouvernements. »
Mehdi Bautier
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