Cannabis aux Philippines
Philippines : Rodrigo Duterte soutient la légalisation du cannabis médical
Le président des Philippines, Rodrigo Duterte, est défavorablement connu pour sa politique antidrogue extrêmement violente qui fait des milliers de morts. Il est ainsi d’autant plus surprenant de le voir à présent apporter son soutien à une légalisation du cannabis médical. Lors d’une conférence de presse à Malacañang, son porte parole Salvador Panelo a déclaré que « le président était favorable à un usage limité du cannabis » et « qu’il soutiendra et signera n’importe quelle proposition de loi en accord avec cette position ». Le débat sur le cannabis médical avait été rouvert après que la nouvelle Miss Univers, la philippienne Catriona Gray, ait déclaré qu’elle était pour l’usage thérapeutique du cannabis.
Un nouvel élan pour la proposition de loi 6517
Une proposition de loi visant à réguler le cannabis médical avait déjà été déposée en 2017. Elle avait été approuvée par la Commission de la Santé de la Chambre des Représentants mais dormait depuis au Parlement. Rodolfo Albano III, le principal député à l’origine de cette proposition, s’est réjoui de l’intérêt du président. « La proposition de loi 6517 adopte un cadre régulatoire très strict. Elle ne décriminalise pas l’usage de cannabis. il ne s’agit pas ici d’usage récréatif. Elle crée une exception limitée à la loi criminelle et au code civil du pays pour permettre aux médecins de prescrire du cannabis médical à des patients atteints de maladies graves et handicapantes » explique-t-il.
La proposition prévoit que le ministère de la Santé prenne en charge l’accord des licences et la maintenance d’un registre de patients autorisés. Ce sera également au secrétariat du ministère de concevoir les régulations nécessaires à la mise en œuvre du programme. Pour avoir accès au cannabis médical, les malades doivent se procurer l’ordonnance d’un praticien habilité à le prescrire par une licence du ministère. Le cannabis ne serait pas disponible sous sa forme fumable et ne serait accessible que dans les hôpitaux spécialisés, les hôpitaux gérés par le ministère et les cliniques privées ayant obtenu une licence. Les maladies qui justifieraient sa prescription sont les suivantes :
- Cachexie
- Douleurs chroniques
- Nausées sévères
- Épilepsie
- Rigidité musculaire sévère dont la sclérose en plaques
- Soins palliatifs
Le cannabis médical, déjà légal ?
Pour le président du Sénat Vicente Sotto II, cette proposition n’apporte rien de nouveau car le cannabis médical est déjà disponible sous certaines conditions. Il explique que le loi No. 9165, également appelée loi sur les médicaments dangereux de 2002, prévoit que les patients puissent candidater pour un permis compassionnel spécial auprès de l’Agence Nationale de la sécurité alimentaire et sanitaire. Ce permis donne accès à des médicaments qui ne sont pas normalement autorisés sur le territoire. Pour Sotto, il est dont inutile de faire passer une loi car le cannabis médical peut être accessible par ce biais.
Néanmoins, la régulation du cannabis médical démocratiserait son usage et faciliterait grandement son accès. Pour l’instant aucune différence n’est faite dans la loi entre son usage médical sans permis et son usage récréatif. Ils sont tous deux passibles d’une amende pouvant aller jusqu’à 10 millions de pesos philippin (soit environ 165 000 euros) et une peine de prison à perpétuité. A ces loi extrêmement sévères vient s’ajouter la répression sanglante du trafic de drogue qui ne fait parfois pas la différence entre le trafiquant et le simple consommateur. Le président Duterte a d’ailleurs crée la controverse en « plaisantant » sur le fait qu’il prenait lui-même du cannabis pour rester éveiller et maintenir son agenda.