Bourse
Partenariat entre Scotts Miracle-Gro et le producteur canadien de cannabis Flowr Corp
Hawthorne Gardening Co., filiale de la compagnie Scotts Miracle-Gro Co., vient d’annoncer un partenariat avec le producteur de cannabis canadien Flowr Corp. pour la construction d’un laboratoire de recherche en Colombie-Britannique sur une surface de 50 000m². L’ambition de ce partenariat est de tester les fertilisants produits par Hawthorne sur la plante de Cannabis, étude jusque là impossible car la compagnie est basée à New York : « nous étions obligés de passer par un processus imparfait en vendant des produits sans les tester sur les plantes en question (…) le cannabis est une plante si complexe et peu comprise à ce stade de son évolution qu’il ne semble pas satisfaisant de les tester sur des pétunias » a déclaré Chris Hagedorn, directeur général de Hawthorne.
Une opportunité économique
« Nous avons rapidement réalisé que le cannabis et les hydroponiques étaient une opportunité importante » explique le directeur général. La culture hydroponique est une méthode de production hors sol, les racines ne puisent donc leurs nutriments dans un liquide nutritif. L’industrie du cannabis a majoritairement recours à la culture en intérieur pour éviter que les aléas climatiques n’impactent la production et ainsi obtenir un meilleur rendement sur toute l’année. Les producteurs de fertilisants et des-dits liquides nutritifs bénéficient grandement du développement de cette industrie. Hawthorne consacre déjà 90 % de ses ventes à l’industrie du cannabis. Cependant, c’est le premier partenariat officiel entre les deux secteurs.
Avec le développement du marché et sa ramification, de nombreuses intersections apparaissent en même temps que se lève l’interdit moral autour de la plante. Récemment, c’est l’industrie de l’alcool qui s’est lancée sur le marché et a entamé des partenariats. Il est tout naturel que le secteur du jardinage rejoigne le bateau : « C’est devenu plus acceptable pour notre base d’investisseurs, pour notre conseil et notre équipe managériale et la motivation est évidente : c’est un secteur à forte croissance ».
Flowr a l’ambition d’être parmi les producteurs de plantes au plus haut rendement. Leurs installations produisent déjà 250 grammes de cannabis par mètre carré contre une moyenne de 100 grammes pour l’industrie. Selon le président et co-fondateur de la compagnie, l’objectif est d’en produire 450. L’entreprise a déjà un accord d’approvisionnement avec les gouvernements provinciaux d’Ontario et de Colombie Britannique ainsi qu’avec un distributeur allemand pour du cannabis médical.
La place de la nature dans l’industrie
Alors que la concurrence se renforce, la recherche du plus haut taux de rendement évacue la potentialité d’avoir des méthodes de production laissant uniquement place à l’action de la nature. A la place, une production très énergivore souvent agrémentée de composants chimiques et de sélections des meilleures plantes prend le dessus. Le breeding est bien sûr monnaie courante dans l’industrie du cannabis et elle permet de concentrer les taux de THC ou de cibler certains effets dans le cadre d’un traitement thérapeutique. Le futur laboratoire des partenaires ambitionne d’étudier la génétique de la plante et ses effets sur la physiologie humaine.
Si l’image de la compagnie Flowr est plutôt eco-friendly avec des plantes de qualité produites sans pesticides, celle de Scotts est plus sulfureuse. La compagnie est un des partenaires principaux de la compagnie Monsanto récemment condamnée pour son produit Round-up qui causerait des cancers. Les procès à son encontre foisonnent et l’entreprise a une réputation diabolique. La compagnie Scotts, quant à elle, a été impliquée dans plusieurs procès pour utilisation de composants chimiques et synthétiques non étiquetés et dangereux pour la vie humaine et sauvage.
En avril 2008, l’Agence de Protection Environnementale américaine a ordonné de retirer de la vente un produit de la compagnie pour l’ajout illégal de produits cancérigènes et perturbateurs endocriniens non enregistrés et un marketing mensonger. En Septembre 2012, la compagnie a dû payer 12,5 millions de dollars d’amendes criminelles pour des charges de marketing mensonger et de falsification des enregistrements de pesticides avec inclusion de produits chimiques toxiques. En tout, l’Agence pour la Protection de l’Environnement a identifié plus de 100 produits produits ou vendus par la compagnie dans les cinq dernières années ne respectant pas les lois fédérales sur les pesticides.
Le Cannabis ayant un très fort taux d’absorption, pratiquement tout ce qui sert à sa production se retrouve dans la plante, aussi bien les nutriments que les éléments chimiques. En bout de chaîne, le consommateur est le dernier impacté.