Haschisch
On a pris un cours de hash avec LE maître du haschisch, et c’était haschement bien !
Samedi matin, 8h30, couronne extérieure de Barcelone. Le RDV était donné devant une porte en tôle, joliment graffée.
Une dizaine de personnes attendent déjà lorsque nous arrivons. Nous serons une petite vingtaine au total, de tous pays et de tous âges, hommes et femmes, venus prendre un cours de fabrication de haschisch de la part du maître lui-même, Frenchy Cannoli.
Comme son nom l’indique, Frenchy est Français. Il a voyagé toute sa jeunesse à travers les montagnes de I’Inde, du Népal, du Maroc. Aussi en Asie du Sud-Est avec sa femme Kimberly qui nous accueille gentiment. L’hiver à Goa, l’été ailleurs.
Tous ces pays ont en commun de produire massivement du cannabis, soit pour la consommation locale et davantage culturelle, soit pour l’export. Frenchy y a tissé des liens d’amitié avec certaines familles, qui lui ont transmis la science traditionnelle de la fabrication du haschisch.
Partage de savoir
Aujourd’hui, Frenchy est ici pour partager à son tour ce savoir. Ses connaissances acquises à l’étranger ont, depuis, été passées au crible de la science moderne du cannabis. Le cours commence donc par une dissection des trichomes, les glandes résineuses du cannabis (les « cristaux »), qui contiennent à la fois la résine et les terpènes et qui l’intéressent tant. Une fois détachés de la tige du trichome, et avec les méthodes que Frenchy nous montrera, ces « œufs résineux » s’agglomèrent pour former une pâte maronnâtre, le futur haschisch. Mais ce serait aller vite en besogne.
Frenchy continue en nous expliquant le cheminement des cannabinoïdes, qui partent des mêmes précurseurs puis se divisent au cours de leur vie en forme acide, neutre (ou décarboxylée) puis oxydée. Le travail du haschischin sera, selon ses mots, de se débarrasser du A sans aller vers le N. La forme acide n’est en effet pas psychoactive, alors que le « vieux cannabis » (le THC se transformant en CBN) a des vertus davantage soporifiques.
Les terpènes sont aussi une composante indispensable au hash. Ces molécules qui donnent le goût et l’odeur si spécifique au cannabis se retrouvent dans toutes sortes de plantes, de la lavande au pin en passant par le citron. C’est aussi ce qui fait la spécificité d’une résine et de ses effets. Les terpènes aident en effet les cannabinoïdes à passer la barrière hémato-encéphalique, et boostent leur efficacité.
De la théorie à la pratique
Après ces rappels théoriques, place à la pratique. Frenchy a amené tout son matériel avec lui. Et si vous vous attendiez à un semi-remorque de 25t pour son extraction, vous avez vu beaucoup trop grand. Faire un des meilleurs hashs du monde ne nécessite qu’une machine à laver de camping (étonnamment en rupture sur Amazon), quelques seaux, trois tamis et une bouteille en verre. Il faut aussi un accès à l’eau, des glaçons et des feuilles de manucure (sugar trim), des serviettes propres ainsi qu’une bouilloire.
Le principe général est de bien hydrater sa manucure, et de procéder à une douzaine de « lavages », à coup d’eau froide et de glaçons. Le premier lavage n’aura d’ailleurs pas besoin de plus de quelques secondes pour sortir une belle noisette de trichomes.
Nous n’entrerons pas dans les détails (vous n’aviez qu’à suivre notre Insta 😉 ), mais ce qu’on peut dire :
- L’extraction à l’eau fonctionne très bien. Niveau rendement, 300g de feuilles de manucure sortent environ 30g de hash (10%). Un haschischin habitué peut monter jusqu’à 15-18%. Le résultat dépend également de la qualité de la manucure.
- Le séchage est très important. Frenchy laisse ses patties (la pâte de hash) au congélateur, pendant quelques jours. Lorsqu’il n’a pas de congélo, il passe sa pâte à travers les mailles d’une passoire en métal, et étale les grains sur un papier sulfurisé pour le faire sécher complètement. En fonction de l’humidité dans l’espace de séchage, il peut prendre jusqu’à 2 semaines. Cette étape est cruciale, le matériel devant être parfaitement sec pour ne pas offrir un lieu confortable aux moisissures.
- La saveur et l’odeur impressionnantes de ses hashs viennent de la dernière étape de fabrication. Frenchy passe en effet ses pâtes sèches sous une bouteille en verre remplie d’eau bouillante, comme avec un rouleau à patisserie. Cette astuce permet une décarboxylation des cannabinoides, facilitant l’absorption et une protection des terpènes dans la masse de haschisch, ce qui démultiplie ses propriétés olfactives et gustatives. La manœuvre est possible d’ailleurs avec n’importe quelle résine de qualité.
Après toutes ces étapes, Frenchy roule son hash en temple ball, le laisse reposer 2 jours au frais, puis l’empaquète pour le vendre ou le conserver.
Aujourd’hui, c’est atelier, et le partage ira jusqu’au bout. En plus de son hash de Jack Qleaner fraichement pressé (et cultivé par Swami Select), il a amené avec lui quelques échantillons de hash d’Amnesia et de Bubble Gum OG. Le cours finit en dégustation, et chaque personne présente a le sentiment de goûter à un moment exceptionnel. Quant à nous, on aimerait bien s’acheter une nouvelle machine à laver !
#fortheloveoftheplant
Frenchy Cannoli est un consultant, éducateur et écrivain dans l’industrie du cannabis, avec des compétences spécifiques dans la fabrication de hash à partir de méthodes traditionnelles.
Vous pouvez le suivre sur son IG @frenchycannoli et sur www.frenchycannoli.com.
Frenchy devrait organiser de nouveaux ateliers à Barcelone en mars 2018. Les événements seront annoncés sur son calendrier en ligne.