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La Mildeca veut réguler la production de chanvre CBD d’ici juin

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C’est une négociation qui a lieu en coulisses. La Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), qui travaille aujourd’hui à la refonte de l’arrêté de 1990 encadrant la production de chanvre, a rencontré les producteurs français de chanvre. Objectif : faire évoluer la loi avant le mois de juin, pour leur permettre de récolter la fleur de Cannabis, un potentiel premier pas vers une production de CBD en France. Une petite révolution, dans un pays qui importe la quasi-totalité de cette substance aux vertus apaisantes.

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Jusqu’à présent, l’arrêté du 22 août 1990 était interprété par la Mildeca comme une restriction à la récolte des fleurs de chanvre et leur transformation. “Sont autorisées la culture, l’importation, l’exportation et l’utilisation industrielle et commerciale (fibres et graines) des variétés de Cannabis sativa L. répondant aux critères suivants : la teneur en THC de ces variétés n’est pas supérieure à 0,20 %”, précise le texte. Le récent arrêt Kanavape est néanmoins venu clarifier la chose et autoriser la vente de produits à base de CBD extrait de fleur, alors même que le CBD serait interdit de fabrication en France.

La parenthèse “(fibres et graines)” est primordiale. Avec cet arrêté, les chanvriers doivent aujourd’hui jeter la fleur après récolte. Et c’est précisément la fleur qui renferme les cannabinoïdes, dont le CBD et le THC. Elle est donc indispensable pour créer des produits à base de CBD, 100% légaux en France depuis l’arrêt “Kannavape” pour peu que le CBD ait été extrait à l’étranger.

La Mildeca, placée sous l’autorité du Premier ministre cherche aujourd’hui à “sécuriser de la production à la commercialisation du CBD”, explique Nathalie Fichaux. La directrice de l’interprofession du chanvre, jointe par Newsweed, a participé à plusieurs réunions avec la Mildeca.

Produire du CBD en France ?

“Dans un premier temps, au premier semestre 2021, il y aura une autorisation potentielle de récolter. Dans un deuxième temps, ils veulent se coordonner avec l’Union européenne, notamment à propos des taux autorisés de THC dans les produits. Ça, ça risque de prendre des mois, voire plus”, poursuit Nathalie Fichaux.

Pourtant, on ne sait pas à l’heure actuelle si les chanvriers seront autorisés à récolter la fleur. “Je ne pense pas que la Mildeca va l’autoriser, parie la directrice de l’interprofession. La fleur pose le problème du cannabis. Donc elle va sûrement proposer autre chose.”

Nathalie Fichaux recommande d’ailleurs aux agriculteurs qui voudraient se lancer dans la production de chanvre CBD, attirés par la potentialité de débouchés, d’attendre une régulation claire, avec des découchés réels, au risque de prendre des risques pénaux ou économiques.

L’autorisation de la fleur permettrait effectivement de produire du CBD en France. “C’est important d’avoir une filière française, car en France on a des exigences de qualité traçabilité plus élevés que certains CBD produits dans des pays qui exportent vers la France, comme les États-Unis ou la Chine”, regrette Aurélien Delecroix, président du Syndicat professionnel du chanvre.

Pour lui, “on a un contexte économique dégradé à cause de la pandémie de covid-19. Tout nouveau secteur émergent, tant qu’il respecte la santé publique, doit pouvoir avoir le soutien des autorités. Avec ça, on produit en France, et c’est une activité qui est non-délocalisable.”

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