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La mesure du taux de THC via la salive n’est pas efficace, selon une étude de l’Université de Marseille

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La légalisation du cannabis pose de nombreuses questions quant à la sécurité routière, avec notamment la nécessité de fixer un taux limite de THC dans le sang, comme pour l’alcool, en prenant néanmoins en compte le fait qu’un taux de THC donné ne signifie pas pour autant que le conducteur est sous l’effet direct du cannabis.

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Tous les pays ne sont d’ailleurs pas d’accord sur ce fameux taux limite. L’Australie sanctionne n’importe quel taux détectable de THC, alors que la Suisse a mis l’infraction à partir de 1,5ng/mL de salive. Aux Etats-Unis, les limites vont de 0 à 5ng/mL, et en France, un test de détection du THC sera positif à partir de 1ng/mL .

Les arguments pour une tolérance zéro reposent notamment sur le fait qu’une mesure exacte du cannabis dans le sang n’est pas faisable en raison de la grande variabilité de la métabolisation du THC en fonction des individus, en plus du fait que même des taux très bas peuvent nuire à la conduite.

De l’autre côté, les partisans de limites spécifiques sont davantage concentrés sur le fait que le THC et les autres métabolites du cannabis restent détectables pendant près d’une semaine, bien longtemps après les effets psychotropes.

Une recherche récente réalisée à l’Université d’Aix-Marseille fournit des données importantes pour ce débat. L’équipe de chercheurs, dirigée par le Dr Amélie Marsot, décrit avec force détails les profils pharmacocinétiques du THC et de ses métabolites dans la salive, le plasma sanguin et l’urine pendant les 72 premières heures. Leur rapport est accessible gratuitement dans le Journal of Pharmacy and Pharmaceutical Sciences.

Méthodologie de l’étude

18 fumeurs de tabac et de cannabis, âgés de 20 à 45 ans, ont pris part à cette étude. Chaque participant a subi deux traitements :

  • une cigarette de tabac pour contrôle
  • une cigarette de tabac avec 0,5g de cannabis (20mg de THC)

On leur avait également demandé de s’abstenir de cannabis pendant 28 jours avant l’étude, et pendant l’étude (hormis le traitement prescrit).

Chaque participant s’est fait prélever 16 fois la salive et le sang, et 6 fois l’urine. Les échantillons ont été testé pour la présence de THC, 11-0H-THC (principal métabolite psychoactif du THC) et de THC-COOH (un métabolite inactif) avec un taux minimum de détection de 1ng/mL.

Résultats de l’étude

Les analyses ont résulté en une grande variabilité de résultats. Les concentrations maximum de THC allaient de 55,4 à un incroyable 120 000 ng/mL dans la salive et de 1,6 à 160 ng/mL dans le plasma, alors que les concentrations des deux métabolites variaient de 3 à 10 fois moins que ça.

Globalement, le contenu de la salive en THC n’était en aucun cas indicatif du contenu du sang en THC ou de ceux des échantillons d’urine. Les autres paramètres comme la période de concentration maximum ou la période de dernière concentration détectable variaient également entre les individus.

Pour les auteurs de l’étude, les tests salivaires et urinaires du THC sont des preuves d’un usage récent, mais ne parviennent pas à prouver ce qu’ils sous-tendent, notamment que le conducteur est impacté par le cannabis dans sa conduite. Dans l’étude, la moitié des participants retombait sous le seuil minimum détectable de THC dans le sang après 2h (12h pour le maximum) et après 18h dans la salive (48h pour le maximum). Les échantillons urinaires restaient positifs encore plus longtemps, certaines études précédentes montrant qu’un seul joint pouvait être détecté pendant 18 jours dans l’urine.

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