A Marseille, élus et militants demandent la légalisation du cannabis
Ils ont repris les mots du chanteur de reggae Peter Tosh… mais veulent rester bien loin des clichés. Une vingtaine de spécialistes ont animé Legalize It, ce week-end à Marseille. Un seul mot d’ordre : légalisons le cannabis, et fissa. Avec plusieurs élus – dont certains de la mairie – ce rassemblement veut peser dans le débat public, à quelques jours de l’élection présidentielle.
Marseille, une ville que l’on dit chère au président Emmanuel Macron… mais déstabilisée par le trafic de cannabis. « Les morts sont beaucoup trop nombreux dans notre ville, c’est insupportable », justifie d’emblée Fanny Fontan. La réalisatrice de documentaires a coorganisé l’événement avec le fondateur de Kanavape Sébastien Béguerie, des élus écologistes et l’association pro-légalisation NORML France.
En 2021, 90 personnes sont mortes à Marseille dans des tueries liées au trafic de drogue, selon la Police judiciaire. Pour les organisateurs de Legalize It, autoriser la vente de cannabis pourrait juguler cette violence. « La justice et la police sont dépassés par les trafics et on fait face à un discours hypocrite qui consiste à rester dans la répression. Il faut envisager l’alternative, la légalisation », réclame l’élu écologiste à la mairie de Marseille, Fabien Perez.
Mais ce n’est pas une solution miracle, pour la sociologue Khadidja Sahraoui-Chapuis. « Je pense qu’il faut rester mesuré sur l’impact dans les quartiers populaires, déjà parce que rares sont les points qui vendent uniquement du cannabis. […] La légalisation ne doit pas être une question de bobos qui veulent leur cannabis facilement. Il faut travailler avec les habitants de ces quartiers. »
De « l’huile de vidange » dans la résine de cannabis
Légaliser le cannabis serait aussi une manière d’encadrer ces produits, et leur imposer des normes sanitaires. « Le cannabis est souvent coupé avec du henné, de l’huile de vidange. Les consommateurs sont considérés depuis des années comme des citoyens de seconde zone », reproche Farid Ghehiouèche, de Cannabis Sans Frontières.
Enfin, une distribution de cannabis permettrait aussi de donner de l’emploi, dans une ville où quasiment un habitant sur cinq est chômeur (en 2018), le double de la moyenne nationale. « Si on réforme le statut juridique du commerce du cannabis, ce ne sera pas la panacée, c’est pas pour demain la révolution, mais ça peut enclencher quelque chose », espère l’économiste Christian Ben Lakhdar.
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