Cannabis aux Pays-Bas
La maire d’Amsterdam plaide pour la légalisation de la vente de cocaïne
Le maire d’Amsterdam souhaite légaliser et réglementer la vente, la possession et la consommation de cocaïne.
Dans une interview accordée au journal néerlandais Financieele Dagblad, la maire d’Amsterdam Femke Halsema s’est dite fermement convaincue que la dépénalisation et la légalisation de la vente de drogues telles que la cocaïne pourraient constituer une mesure stratégique pour lutter contre le crime organisé et renforcer la sécurité publique à Amsterdam.
La guerre contre la drogue : Une bataille perdue d’avance
Le maire Halsema a souligné que l’interdiction actuelle des drogues a involontairement donné du pouvoir aux organisations criminelles, leur permettant de prospérer et d’amasser des milliards d’euros de bénéfices
« Nous avons cédé le marché à des criminels sans scrupules. Ils gagnent des milliards. Et pendant ce temps, la guerre contre la drogue perturbe des pays entiers, fait d’innombrables victimes et renforce le modèle économique des criminels » explique-t-elle.
Ce sentiment concorde avec un rapport récent des douanes néerlandaises, qui révèle une recrudescence de la criminalité organisée liée au trafic de cocaïne en Europe, avec plus de 60 000 kilogrammes saisis en 2023.
La tendance alarmante à l’augmentation des saisies de cocaïne en Europe est une source d’inquiétude. Les rapports indiquent que le prix moyen de la cocaïne européenne a presque diminué de moitié et les Nations unies ont constaté un record dans la production de cocaïne. La maire Halsema a reconnu qu’en dépit de siècles de découragement et de répression, la demande de stimulants persiste, ce qui crée un marché lucratif pour les criminels.
La perspective de la réduction des risques
La proposition de légalisation de la cocaïne faite par la maire Halsema peut paraître surprenante, mais du point de vue de la réduction des risques, elle s’inscrit dans sa vision plus large pour Amsterdam. Faisant le parallèle avec le célèbre quartier rouge de la ville, elle a insisté sur la nécessité d’adopter une approche de bon sens en matière de politique des drogues. Selon elle, de même que le Quartier Rouge assure la sécurité des travailleurs du sexe, la légalisation de la vente de cocaïne pourrait offrir une sécurité similaire aux consommateurs et au grand public.
Le maire reconnaît l’intégration de la consommation de drogues dans la société et les risques de santé publique qui y sont associés. Tout en convenant des graves conséquences de la toxicomanie, elle affirme que ces risques sont souvent exagérés. Dans son interview au Financieele Dagblad, la maire Halsema a affirmé : « L’abus de drogues peut avoir de graves conséquences. Mais les risques sont souvent exagérés. La cocaïne, par exemple, est moins nocive que l’alcool. Les gens font leurs propres choix. »
Un changement de stratégie touristique
Le plaidoyer du maire Halsema en faveur de la légalisation des ventes de cocaïne s’inscrit dans le cadre plus large de ses efforts pour redorer l’image d’Amsterdam. Elle a déjà exprimé sa crainte de voir sa ville devenir un havre de paix pour un tourisme problématique. Ce changement de stratégie vise à équilibrer la tolérance historique de la ville avec des politiques responsables qui donnent la priorité à la sécurité publique et au calme pour les habitants.
Son appel porte toutefois plus loin que les Pays-Bas. Elle insiste notamment sur la nécessité de reconsidérer à l’échelle mondiale l’approche actuelle de la guerre contre la drogue. Mme Halsema affirme que les traités internationaux limitant les politiques nationales en matière de drogue doivent être réévalués.
« L’interdiction des drogues est inscrite dans des traités internationaux qui limitent la marge de manœuvre des politiques nationales en matière de drogues, ce qui signifie que nous devrons forger de nouvelles alliances internationales qui donneront la priorité à la santé et à la sécurité plutôt qu’à des mesures punitives ».