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Liban : un comité interparlementaire approuve la légalisation du cannabis médical et industriel
Les commissions parlementaires mixtes libanaises ont approuvé mercredi la proposition de loi visant à réglementer la culture du cannabis à des fins médicales et industrielles. La proposition de loi ira ensuite à l’Assemblée générale de la Chambre des représentants pour approbation sous sa forme définitive.
« Les commissions paritaires se sont réunies pour étudier le projet de culture du cannabis à usage médical et industriel », a déclaré le président de la commission et vice-président de la Chambre des députés, Elie Farzli, lors d’une conférence de presse au siège du Parlement à Beyrouth.
« Il y a la possibilité de retombées économiques considérables pour le pays grâce à cette culture, et cela aidera également à mettre un terme aux cultures illégales de cannabis… Par conséquent, cette proposition a été approuvée par une écrasante majorité de députés », a déclaré Farzli.
En 2018, la société de conseil McKinsey avait en effet été missionnée par le gouvernement libanais pour trouver des pistes de développement économique pour le pays. S’agissant du cannabis, le rapport proposait de développer la culture et l’export de cannabis médical libanais, qui pourrait rapporter jusqu’à 1 milliard de dollars. Le Ministre de l’économie de l’époque, Raëd Khoury, estimait lui que ce dernier pourrait atteindre 4 milliards de dollars, « la qualité que nous avons [étant] une des meilleures dans le monde ».
Le pays est en effet le troisième pays producteur de haschisch au monde après l’Afghanistan et le Maroc. Le Liban s’est historiquement servi du cannabis pour financer ses milices pendant la guerre civile qui a duré jusqu’en 1990. Depuis lors, le pays tente de juguler les cultures en payant les agriculteurs pour arrêter d’en cultiver. L’absence de compensation et la hausse de la destruction des cultures a néanmoins poussé les chanvriers de la Bekaa, la grande région productrice de cannabis, à développer davantage leur production de cannabis.
Selon les estimations locales, la totalité des surfaces actuellement cultivées par du cannabis rapporteraient 600 millions de dollars à l’année avec du chanvre, contre plus de 2 milliards aujourd’hui.
Le président de l’Autorité Nationale de Santé libanaise, Ismail Sukkarieh, s’interroge ainsi sur les rendements financiers de la législation sur le cannabis, mettant en garde à la fois contre sa mise en place en l’absence de lois étatiques et le risque de l’introduire dans le cadre de quotas politiques et sectaires.
Le Hezbollah, souvent accusé de se financer notamment par la culture de cannabis, s’est, lui, opposé à cette légalisation, car « la proposition de loi ne stipule pas sa faisabilité économique ».
Le projet de loi prévoit la création d’une « Autorité organisatrice de la culture du cannabis à des fins médicales et scientifiques », sous la tutelle du Conseil des ministres. Cet organisme se chargerait d’octroyer les licences pour importer des semences et des plants, établir des cultures, planter et récolter dans une zone contrôlée, en plus de fabriquer, vendre, distribuer et établir des centres de recherche et des laboratoires, selon des critères et conditions spécifiques basés sur l’utilisation médicale et industrielle.