Cannabis en Australie
Le programme de cannabis médical australien décolle enfin
Cela fait bientôt trois ans que l’Australie a légalisé le cannabis médical (février 2016). Depuis, le pays lutte pour mettre en place son industrie encore largement dépendante des importations venant du Canada. Malgré la légalisation du cannabis médical et le soutien politique derrière, un nombre relativement faible de patients a jusqu’ici eu accès au traitement.
Aujourd’hui, le marché du cannabis médical australien commence enfin à se développer: le nombre de patients autorisés augmente rapidement et les médecins sont de plus en plus ouverts à sa prescription.
Le programme de cannabis médical australien
Le programme de cannabis médical australien ressemble à s’y méprendre au programme britannique. Les patients peuvent bénéficier du cannabis par trois voies différentes :
- Authorised prescription scheme : soit par le biais de la prescription d’un médecin spécialiste qui aura au préalable obtenu l’accord du ministère de la Santé et de l’administration des ressources thérapeutiques pour prescrire le médicament.
- Special access scheme : soit par le biais d’une demande du patient à son médecin qui, s’il estime que le patient est éligible au programme, devra transmettre le dossier de candidature aux autorités compétentes qui donneront leur accord ou non.
- Par le biais d’essais cliniques.
S’il obtient une prescription, le patient pourra se fournir en cannabis médical auprès d’un pharmacien. En général, le cannabis médical a pour l’instant été très peu disponible contraignant les patients à se fournir par le biais d’essais cliniques. Depuis 2018 en revanche, on observe une augmentation rapide du nombre de patients approuvés par les autorités sanitaires. Après un temps d’inertie, le marché commence à prendre de l’ampleur.
Une question d’outils ?
Les candidatures pour le cannabis médical ont longtemps stagné jusqu’à l’introduction en mars 2018 d’une unique voie de candidature numérisée. L’Administration des Ressources Thérapeutiques a en effet mis en place un site internet où les médecins sont en capacité d’entrer la candidature puis de la suivre étape par étape. Dans les mois qui ont suivi l’apparition du site, le nombre de candidatures a augmenté de plus de 1 000. Il semble que ce nouvel outil et cette procédure simplifiée aient été décisifs.
En novembre dernier, 568 candidatures ont été approuvées. C’est 42% fois plus que le taux moyen de candidatures approuvées par mois. En février par exemple, il n’y en a eu que 37. De janvier à novembre cela fait donc 2072 candidatures acceptés, une première pour le programme australien. Une étude de New Frontier Data estime à 330 000 le nombre de patients du programme en 2025.
Le cannabis accepté
Selon Russell Harding, fondateur et PDG de MedReleaf Australia, une filiale de Aurora Cannabis, explique que le site internet a changé bien des choses mais qu’en général, les praticiens sont devenus plus familiers avec la procédure et mieux éduqués à propos du cannabis médical. Pour Fleta Solomonla, directrice de Little Green Pharma: « le facteur n°1, en parallèle du fait que de plus en plus de patients demandent à se soigner avec des cannabinoïdes, c’est que les médecins généralistes peuvent maintenant prescrire avec plus de facilité et n’ont pas besoin de l’aval d’un spécialiste pour faire remonter les candidatures des patients ».
Au Royaume-Uni à l’inverse, les médecins généralistes n’ont pas encore le pouvoir de prescrire du cannabis médical et les spécialistes, par manque d’information et d’éducation, sont encore réticents à le prescrire. Pour l’instant, le marché de cannabis médical britannique qui avait soulevé beaucoup d’espoir chez les patients de l’Union est très peu fonctionnel. Comme le montre le cas de l’Australie, la banalisation du produit et l’émergence de voies d’accès moins restrictives prendront du temps.
Un problème qui persiste néanmoins pour le marché australien est le manque de production locale. L’industrie est extrêmement dépendante des importations de cannabis canadien ce qui entraîne des coûts prohibitifs pour les patients autorisés. Little Green Pharma a été une des premières entreprises à cultiver localement du cannabis pour le marché national. Une production qui, si elle fleurit, pourra ensuite alimenter de futurs marchés asiatiques.