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La réunion de Trump à l’ONU sur la lutte antidrogue laisse présager un retour à des pratiques rétrogrades

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La réunion Global call to action on the world drug problem prévue par Trump dans le cadre de la lutte internationale contre la drogue s’est tenue hier au siège de l’ONU. Les 128 pays signataires ainsi que le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres, y ont participé et ont pu écouter Trump déblatérer les statistiques usuelles sur les problèmes de drogue et la nécessité d’y remédier. Si Antonio Guterres semblait satisfait et a applaudi l’initiative et Trump pour avoir « concentré l’attention globale sur le problème mondial de la drogue », il y a pourtant de sérieux doutes à avoir quant au bien-fondé de cette réunion.

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Un pas en avant, deux pas en arrière

Alors que les résultats de l’Assemblée Générale de l’ONU 2016 sur la drogue représentaient une avancée considérable en matière de lutte antidrogue avec un accent mis sur le respect des droits de l’homme, l’accès aux soins et la recommandation de politiques moins répressives, la réunion d’hier semble prendre la direction totalement opposée. Bien que le rapport de 2016 soit mentionné dans le document préparatoire de la réunion, ce dernier reste assez évasif sur les problématiques de santé et de société et se concentre plutôt sur la réduction de la demande ainsi que l’arrêt de la production et de l’approvisionnement. Des priorités qui ont tout d’une politique prohibitionniste.

L’accent étant clairement mis sur le combat contre le trafic de drogue, Trump réaffirme par là une politique de dureté jusqu’ici inefficace. Le Bureau de l’Inspecteur Générale Spécial pour la Reconstruction de l’Afghanistan explique que le gouvernement a déjà dépensé 8,6 millions de dollars, depuis 2002, pour stopper le trafic de drogue dans le pays et pourtant, celui-ci reste le premier producteur d’opium.

Parmi les 193 membres de l’ONU, 63 pays ont refusé de signer le document. Certains se sont exprimés sur ce refus, notamment la première ministre de la Nouvelle Zélande et le ministère des Affaires étrangères norvégien ont expliqué que le texte ne faisait pas assez de place aux problématiques de santé et ne correspondait pas à la direction que leur gouvernement respectif souhaitait emprunter.

En parallèle de la réunion de Trump se tenait au Mexique une initiative beaucoup plus progressiste de la Commission Globale sur les Politiques en matière de Drogue autour d’un rapport intitulé Régulation : un Contrôle Responsable des Drogues. La réunion réunissait d’anciens chefs d’Etats témoignant de l’inefficacité des politiques prohibitionnistes. Le rapport examine quant à lui comment éliminer le marché noir par des voies de distribution légales et contrôlées et appelle à une réforme globale du système international de lutte antidrogue.

Des pratiques douteuses

La présence de nombreux pays avec des politiques antidrogue extrêmement dures confirme la direction de cette réunion. Trump a même été jusqu’à saluer les efforts du président philippin Rodrigo Duterte, un homme qui a tout de même félicité sa police pour avoir tué 32 personnes (des trafiquants présumés) en une journée. Une position pas si éloignée de celle de Trump qui avait après tout déclaré vouloir réintroduire la peine de mort pour les dealers de drogue. S’ajoutant à cela le scandale récent du comité secret de la Maison Blanche chargé d’une propagande anti-cannabis, l’orientation passéiste de Trump est désormais claire. D’ailleurs, l’administration Trump s’est retirée, en Juin, du Conseil de l’ONU en matière des droits de l’homme.

Officiellement, la réunion avait pour objectif de présenter une position commune devant l’Assemblée générale de l’ONU mais, en réalité, ce document non négociable et non officiel représente simplement la position des Etats-Unis. Il s’agit pour eux de réaffirmer une position de leadership diplomatique. La réunion feint le consensus, en réalité, certains se rangent pour éviter des complications diplomatiques. Cela va totalement à l’encontre du processus de codécision usuel de l’ONU. Le problème est qu’en ralliant tout le monde à sa cause, même artificiellement, les Etats-Unis ont le pouvoir de choisir la direction de la lutte antidrogue internationale de l’ONU qui sera révisée en 2019.

Cette politique du « avec ou contre nous » n’est pas nouvelle de la part de États Unis qui ont également déclaré prévoir des sanctions contre le Mexique, la Colombie et l’Afghanistan si ces Etats ne redoublaient pas d’efforts pour stopper la production et le trafic de drogue sur le territoire. Des menaces assez hypocrites car malgré son engagement apparent, Trump a fait des coupes importantes dans le budget anti-narcotique du ministère de l’Intérieur et des agences fédérales de lutte contre le trafic de drogue qui se sont vues obligées de licencier du personnel selon des faits rapportés par CBS News.

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