Cannabis en France
Joséphine Baker : une stoner au Panthéon
Joséphine Baker, femme libre aux 1000 visages, entrera au Panthéon aujourd’hui en vertu de sa riche vie d’artiste de music-hall, de résistante, de militante antiraciste et de mère adoptive de 12 enfants issus du monde entier.
Un des plaisirs de sa vie est néanmoins le plus souvent tu : elle était consommatrice de cannabis.
Dans « Joséphine : The Hungry Heart« , les auteurs Jean-Claude Baker et Chris Chase relatent une discussion avec Phillip Leshing, qui était alors bassiste dans l’orchestre de Buddy Rich : « Je me souviens qu’une fois, Joséphine a invité plusieurs d’entre nous à venir dans sa loge pour essayer de très bons reefer [ndlr : des joints]. J’y suis allé avec Harry ‘Sweets’ Edison, le trompettiste, et Buddy Rich, et nous avons fumé de l’herbe avec Joséphine Baker… mais la marijuana n’a pas affecté sa performance. Jamais. »
Selon Phillip Leshing, Joséphine Baker « a fait faire cette magnifique coupe d’amour en or pour Buddy et le groupe, un trophée, comme un Academy Award, avec nos noms gravés dessus. Et elle était remplie de marijuana. Elle nous l’a donné après la dernière représentation au Strand [le club new-yorkais dans lequel ils se produisaient en mars 1951] ».
Les auteurs supposent que Baker a peut-être fumé du cannabis pour la première fois avec son amant Georges Simenon, qui avait l’habitude de mélanger du haschisch avec du tabac dans sa pipe, ou avec le prince de Galles à Paris, à l’époque où il venait au Rat Mort et qu’il en sortait « les pieds devant chaque nuit – ivre mort et défoncé », selon un autre amant, Claude Hopkins.
Un dispensaire californien rend d’ailleurs hommage à une partie de son histoire : le Joséphine et Billie’s, un retour aux « Teapads » des communautés noires des années 20 et 30, des Cannabis Clubs où les gens se réunissaient pour profiter du jazz et du cannabis « tout en se sentant connectés, détendus, valorisés et en sécurité ».
Pour Whitney Beatty, co-fondatrice du speakeasy, Joséphine Baker et Billie Holiday « étaient deux femmes de couleur qui ont été persécutées pour leur consommation de cannabis. Mais ce qui me semble vraiment important, c’est qu’elles ont été persécutées et qu’elles ont pourtant utilisé leur art pour lutter contre cette injustice. Elles ont rejeté le courant dominant. Elles ont écrit leurs propres règles et ont laissé la porte ouverte à ceux qui sont venus après elles. »
Aux stoners la patrie reconnaissante !