Cannabis en Irlande
Irlande : 16 patients sont désormais bénéficiaires du système de licences ministérielles
L’Irlande a commencé à s’intéresser au cannabis médical en 2016. Depuis 2017, le gouvernement cherche à mettre en place un programme d’accès au cannabis médical pour les patients irlandais. En attendant que celui-ci soit opérationnel, un système temporaire permet aux patients de candidater pour une « licence ministérielle » délivrée par le ministère de la Santé. 16 patients sont actuellement bénéficiaires de ce système.
Un programme de cannabis médical en chantier
En novembre 2016, le ministère de la Santé annonçait une révision des politiques du cannabis pour envisager notamment l’autorisation de son usage thérapeutique. Les autorités sanitaires irlandaises, Health Products Regulatory Authority (HPRA), sont alors chargées d’évaluer les récents développements en la matière et de statuer sur la pertinence de cet usage. En février 2017, elles publient un rapport (Cannabis for Medicinal Use – A Scientific Review) qui recommande l’autorisation de l’usage thérapeutique du cannabis dans certains cas.
A la suite de la publication de ce rapport, le ministère de la Santé a établi un groupe d’experts pour conseiller le gouvernement dans la mise en place d’un programme de cannabis médical. Celui-ci n’est pas opérationnel pour l’instant mais le gouvernement y travaille. En attendant, le système de licences ministérielles garantit aux patients qui en ont besoin un accès au cannabis médical.
Les licences ministérielles
Ces licences sont disponibles pour le traitement la sclérose en plaque, de l’épilepsie et des effets secondaires de la chimiothérapie. Une licence a également été accordée pour un patient souffrant de douleurs chroniques. Elles ont une durée de trois mois à six mois et peuvent être renouvelées. Au total, 29 licences ont été accordées pour 16 patients.
Les candidatures pour les licences ministérielles se font sur une base nominative et doivent être déposées par un docteur enregistré au Conseil Médical et impliqué activement dans le traitement du patient. Il lui faudra fournir :
- un descriptif du traitement actuel du patient et une justification du changement de traitement.
- l’avis du médecin consultant si la demande est faite par un autre professionnel de santé.
- les détails de la composition du produit à administrer et sa source.
- les détails du traitement : la posologie et les conditions du suivi.
Quel cannabis médical ?
A l’heure actuelle, seul un médicament à base de cannabis a été autorisé en Irlande : le Sativex, pour le traitement de la plasticité dans la sclérose en plaque. Celui-ci a fait l’objet d’une procédure d’autorisation centralisée au niveau de l’Europe (c’est pourquoi il est aussi légal en France). Sa prescription ne nécessite donc pas de licence ministérielle. Celle du Nabilone non plus car, étant classé schedule 2, il n’est pas soumis aux mêmes restrictions que le cannabis. La prescription du Dronabinol (version synthétique du THC), en revanche, nécessite une licence ministérielle.
Les produits dérivés du cannabis (huiles, sprays, gélules etc) peuvent être considérés comme des options de traitement mais, comme ce ne sont pas des produits pharmaceutiques autorisés par les autorités sanitaires, ils requièrent également une licence ministérielle. Dans l’éventualité de leur prescription, il est requis qu’ils soient produits par un laboratoire spécifié selon certains standards de production et que leur composition soit transparente. Ces produits seront rendus plus facilement accessibles à travers le futur programme de cannabis médical.
La problématique de l’approvisionnement
L’usage thérapeutique du cannabis est autorisé en Irlande dans les conditions que nous avons décrites mais la production de cannabis médical est toujours illégale. Ce qui pose problème actuellement dans le programme irlandais est l’approvisionnement. Il se fait pour l’instant auprès d’une pharmacie néerlandaise sur présentation d’une licence mais le ministre de la Santé, Simon Harris, a rapporté être en discussion avec d’autres fournisseurs ainsi qu’avec ses homologues danois et britanniques.
« La rédaction d’une législation secondaire pour soutenir le programme d’accès au cannabis médical continue et sera finalisée une fois qu’un système d’approvisionnement adéquat sera établi » a expliqué le ministre. Ce système d’approvisionnement passera éventuellement par une production locale. Les détails seront inscrits dans la version définitive du Medical Cannabis Access Programme sur lequel travaille actuellement le ministère. Simon Harris a déclaré faire du cannabis médical une priorité en 2019.