Cannabis en France
Grenoble veut poser la question de la légalisation du cannabis aux députés
Le procureur de la République de Grenoble, Jean Yves Coquillat, a déclaré que la ville de Grenoble est « pourrie et gangrenée par le trafic de drogue « , à la suite de récentes fusillades à la Place Gre’net, un témoignage recueilli par Le Dauphiné.com.
Il explique, en décrivant la situation de la ville : « C’est déplaisant, c’est désagréable, mais c’est malheureusement habituel dans cette ville. De toute ma carrière, je n’ai jamais vu une ville qui était aussi pourrie et gangrenée par le trafic de drogue que Grenoble. Il y a des points de revente quasiment partout. Le sentiment d’insécurité de ces quartiers se ressent finalement dans toute la ville pour qui veut y prêter attention ».
La réaction des partis politiques
Cette annonce a suscité diverses réactions au sein des partis politiques. L’ancien maire membre des Républicains à Grenoble, Alain Carignon, préconise le renforcement de la sécurité de la ville à savoir des policiers municipaux armés et plus nombreux ou la création d’un réseau de vidéo-surveillance.
La conseillère municipale FN de Grenoble, Mireille d’Ornano s’inquiète de la situation. « Il est urgent d’engager tous les moyens nécessaires pour lutter contre ce phénomène qui enclave durablement nos quartiers » a t-elle déclarée. Elle compare ainsi la ville de Grenoble à un « petit Marseille » et préconise également l’armement des policiers grenoblois : « Ne pas vouloir l’armement aussi de la police municipale, ce n’est pas concevable à l’heure actuelle ».
A l’inverse, le Rassemblement de Gauche n’est pas de cet avis. Jérôme Safar, conseiller municipal d’opposition de Grenoble rappelle que si les trafics existent, c’est aussi parce qu’il y a des consommateurs. « On oublie un peu trop souvent que lorsque l’on parle de trafic de stupéfiants, on parle d’économie. La demande est forte, et l’offre existe. » a t-il expliqué.
Légaliser le cannabis pour limiter les conflits
Légaliser le cannabis pour mettre fin au marché noir est un argument qui revient souvent chez les partisans de la légalisation. C’est ce que suggère par exemple le professeur d’économie Christian Ben Lakhdar dans le magazine Marianne. Dans un édito intitulé « Pourquoi il faut légaliser le cannabis en France », il explique certains des bénéfices : « débarrassées de la quasi-entièreté du marché illégal, les forces de police retrouveraient de l’efficacité dans la lutte contre le marché noir résiduel et contre les autres marchés criminels ».
D’autant plus qu’à Toulouse, des personnalités locales avaient réagi dans une tribune il y a un mois pour demander la légalisation du cannabis, suite à des fusillades meurtrières survenues dans un quartier sensible.
Eric Piolle, le maire de Grenoble, avait déjà suggéré cette idée en 2016 suite à une fusillade devant une école, en demandant l’ouverture d’un débat sur la légalisation. Elisa Martin, la Première adjointe en charge de la tranquillité publique de Grenoble, a quant à elle répondu : « Le cadre législatif ne fonctionne pas, l’interdiction suscite du désordre. Nous allons donc interpeller les députés pour une réponse législative et poser la question de la légalisation du cannabis ». Des réactions plutôt mitigées au sein des partis politiques de la ville mais qui ouvrent la voie à de nouvelles négociations à la rentrée.
Mehdi Bautier