Cannabis en France
Le gouvernement français s’empresse de dire non à la légalisation du cannabis
La récente émulation française autour du cannabis en a surpris plus d’un. Depuis la tribune publiée dans l’Obs, la proposition de loi déposée par une quinzaine de députés et le rapport en faveur de la légalisation du Conseil d’Analyse Economique qui conseille Matignon, le cannabis est partout dans la presse. Pourtant, le gouvernement reste catégorique : la légalisation de « l’usage ludique » du cannabis n’est surtout pas d’actualité.
Une majorité dans la majorité ?
Alors que les plus conservateurs crient au scandale, un certain nombre de marcheurs se sont positionnés en faveur de la légalisation du cannabis récréatif. Pierre Person, numéro 2 LREM, et Aurélien Taché, figure de l’aile gauche de la majorité ont cosigné la tribune de l’Obs. Parallèlement, cinq députés LREM ont cosigné la proposition de loi instaurant un monopole public de l’ex-LREM François Michel Lambert. Il s’agit de Delphine Bagarry, Annie Chapelier, Pierre-Alain Raphan, Hubert Julien-Laferrière et Cécile Rilhac.
Ces prises de position ont permis de re-re-re-re-re-re-re-lancer le débat sur la question mais, pour l’instant, la plupart des députés semblent mal informés. L’Opinion rapporte que la question de la légalisation du cannabis a été abordée jeudi matin lors de la réunion de bureau du groupe En Marche à l’Assemblée. Apparemment, cela manquait beaucoup de clarté : « Beaucoup de personnes étaient ignorantes sur le sujet et ne savaient pas faire la différence entre le cannabis thérapeutique, le cannabis “bien être” et le cannabis récréatif », a noté un participant.
Concernant le cannabis « bien-être », des marcheurs ont déjà investi le sujet et ont demandé la création d’une mission d’information. Parmi eux, on compte Jean-Baptiste Moreau, député de la Creuse, Ludovic Mendes, député de Moselle, Naïma Moutchou, députée du Val d’Oise et Sophie Beaudouin-Hubières, députée de Haute-Vienne. Parmi les signataires, on compte également Jean Baptiste Djebbari, le porte-parole de LREM à l’Assemblée et Sandrine Lefleur, une députée LREM elle-même cultivatrice de chanvre.
« Si on ne parle que légalisation, c’est la meilleure façon de braquer le débat. On doit benchmarker ce qui se fait ailleurs en termes de santé publique, sécurité, économie, pour que l’on parle bien des mêmes choses », explique Jean-Baptiste Moreau, le rapporteur de la mission d’information. Si la mission n’aboutit pas, Ludovic Mendes projette de mettre sur pied un groupe de travail sur la question. Celui-ci réunirait une vingtaine de députés LREM.
Le gouvernement reste catégorique
Si la majorité macroniste, quoique divisée, semble de plus en plus acquise à la réforme, ce n’est cependant pas le cas du gouvernement qui reste officiellement opposé à toute légalisation du cannabis récréatif. On notera toutefois que jamais un gouvernement n’a pourtant été plus pro-cannabis, Christophe Castaner s’étant déjà exprimé sur le sujet, tout comme François de Rugy.
A la suite de la publication du rapport du CAE, une source proche du premier ministre Edouard Philippe a assuré : « Le gouvernement reste clairement opposé à la légalisation du cannabis ». Même la dépénalisation semble hors de question maintenant qu’est passé, plus tôt dans l’année, le projet d’amende forfaitaire pour délit de stupéfiants.
A l’opposé des recommandations émises par les analystes du CAE, Edouard Philippe s’est récemment engagé à seulement renforcer la répression. Lors de son discours de politique générale, le 12 juin, il a déclaré faire de la lutte contre les stupéfiants la « priorité des douze prochains mois ». « Cela implique de harceler les points de vente, de neutraliser les échelons de distribution, de faire tomber les têtes de réseaux », a-t-il détaillé.
Interrogée par un journaliste de LCI, la ministre des transports a confirmé jeudi dernier la position du gouvernement : « Le Conseil d’Analyse Economique s’est auto-saisi de la question, ce n’est pas une commande du gouvernement. La position du gouvernement est très claire, nous sommes contre la légalisation de « l’usage ludique » du cannabis mais par contre il y a une réflexion en cours sur les usages thérapeutiques ».
En effet, si la légalisation du cannabis récréatif ne semble pas de mise, l’expérimentation du cannabis thérapeutique est quant à elle acquise et commencera bientôt, même si l’on n’en connait pas encore les contours précis. Le CSST a récemment révélé les détails du projet, qui devront être validés par l’ANSM avant toute mise en place. Parallèlement, la mission d’information sur le chanvre bien-être, à l’initiative du marcheur et député de la Creuse Jean Baptiste Moreau, doit être lancée bientôt. Elle devrait permettre de sécuriser la filière du chanvre non-industriel qui passe aujourd’hui plus de temps dans les prétoires que dans les commerces.
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