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Le géant Hexo veut devenir neutre en carbone en plantant des arbres
Produire un gramme de cannabis revient à brûler 1,6 litres d’essence. C’est l’alarmant résultat d’une récente étude de l’université du Colorado. Le géant du secteur Hexo veut donc en tirer les conséquences, et annonce sa neutralité carbone d’ici septembre 2021. Ce qui veut dire que, théoriquement, dans trois mois, l’entreprise relâchera autant de gaz à effet de serre qu’elle en absorbera.
Les États et les grandes multinationales annoncent souvent une neutralité carbone pour 2050, 2040, voire 2030 pour les plus ambitieux. Mais, aujourd’hui, le troisième producteur canadien de cannabis annonce une échéance dans trois mois. Comment est-ce possible ?
Hexo collaborera avec Offsetters (« compensateurs », en anglais), une organisation canadienne qui propose aux entreprise d’acheter une compensation en carbone. Ainsi, pour 20 dollars, il est possible de « compenser » une tonne de carbone, notamment via la protection de forêts. « Quand l’arbre pousse, il absorbe du carbone dans l’air. Ensuite, ce carbone est stocké dans le système racinaire. 25 % du carbone reste dans la terre ! », se réjouit le PDG d’Hexo auprès de Hemp Industry Daily.
Pour l’ONU, planter des arbres est inutile
Pour accéder à la neutralité carbone, Hexo n’annonce aucun changement en profondeur dans sa manière de cultiver du cannabis. Il n’essaiera pas de diminuer ses rejets de gaz à effets de serre dans les fermes indoor. Il choisit plutôt de compenser cette pollution par la plantation d’arbres.
Mais ce n’est pas suffisant, selon les spécialistes du réchauffement climatique. « Si nous voulons réellement éviter des changements planétaires catastrophiques, nous devons réduire les émissions de 45 % d’ici 2030. Les arbres plantés aujourd’hui ne peuvent pas pousser suffisamment vite pour atteindre cet objectif », tempère l’ONU environnement.
« Planter des arbres » est devenu l’argument de facilité pour les entreprises polluantes souhaitant se donner une conscience écologique. Air France fait de même, par exemple. Mais ce n’est pas suffisant. Plutôt que planter des arbres, faire pousser du cannabis en extérieur, plutôt qu’en intérieur, pourrait être une autre solution. En effet, la plante est reconnue pour « dépolluer » les sols.
Finalement, cette volonté de compensation carbone est peut-être plus financière qu’écologique. Sébastien Saint-Louis, le PDG de l’entreprise le dit noir sur blanc : « Cette génération Z qui arrive, possèdera la majorité des richesses dans vingt ans. Cet argent ira dans des fonds, mais si ces fonds se concentrent sur des activités qui détruisent la planète, alors nous n’aurons rien du tout. »