Addiction
Etude : les fumeurs solitaires plus susceptibles de verser dans la psychose et l’addiction
Une étude publiée dans la Drug and Alcohol Review s’est intéressée au contexte de consommation de différents usagers de cannabis : consomment-ils plutôt en société ou seuls et pourquoi ? Le but était de déterminer d’éventuels schémas de consommation à risque et les contextes dans lesquels la dépendance est plus susceptible de se créer. Répondre à ces questions permet ensuite de mieux calibrer les politiques de prévention et de réduction des risques.
Le déroulement de l’étude
Les chercheurs ont étudié 188 interviews d’usagers adultes (entre 18 et 59 ans) de cannabis, dont 44% sont des femmes, qui ont été recrutés et interrogés dans la régions d’Halifax au Canada. Les questions qui leur étaient posées concernaient le contexte, la fréquence et les motivations de leur consommation ainsi que la présence d’éventuels symptômes psychiatriques. Il leur était également demandé de décrire leur dernière occasion de consommation.
Les chercheurs ont trouvé que ceux qui ont décrit leur dernière occasion de consommer comme relevant d’un cadre social étaient significativement moins susceptibles d’expérimenter des épisodes de psychoses et de se trouver dans un schéma de dépendance. Les usagers solitaires (ils sont 55 dans le test) sont quant à eux plus susceptibles d’utiliser du cannabis pour un besoin spécifique comme la gestion du stress et de l’anxiété par exemple. Ce type de consommation est donc plutôt instrumentale que festive et est plus propice à l’abus.
“Il est possible qu’ils manquent d’autres stratégies pour surmonter leurs problèmes » explique Toni Spinella, étudiant en master de psychologie et de neuroscience et co-auteur de l’étude. « Si vous êtes seul, pourquoi consommer ? C’est une question qu’il faut se poser et si on réalise « OK je consomme seul parce que je suis triste ce soir ou stressé » et bien peut-être que c’est un signe qu’il faut mieux penser sa consommation ».
La consommation solitaire, un symptôme ?
Parce qu’ils consomment en général de façon instrumentale, les usagers solitaires consomment plus : en moyenne 25 fois par mois selon les interviewés, soit presque tous les jours. Les usagers sociaux quant à eux consomment en moyenne 12 fois par mois. Les usagers solitaires développent donc plus facilement une habitude de consommation qui peut se transformer en dépendance voire en addiction. En revanche, les usagers sociaux sont trois fois plus susceptibles d’avoir mélangé alcool et cannabis lors de leur dernière conso.
Aucun lien causal n’a pour l’instant été trouvé entre la consommation de cannabis et la psychose. En revanche, on sait qu’il existe une forme d’association entre les deux : les patients prédisposés à la psychose sont également prédisposés à la consommation de substances dont le cannabis. De façon analogue, ce n’est pas la consommation solitaire qui crée la psychose et l’addiction mais la situation psychique de l’individu qui peut l’induire vers un mode de consommation solitaire et régulier voire abusif.
Il n’y aucune conclusion directe à tirer de cette étude si ce n’est qu’une consommation solitaire peut être un signe avant-coureur d’un individu en difficulté psychique et est plus susceptible de caractériser une consommation problématique pour l’usager, une forme de dépendance.