Cannabis en France
François Fillon, Alain Juppé et le cannabis
Le 1er tour des primaires du parti Les Républicains s’est donc déroulé hier et a vu François Fillon et Alain Juppé s’imposer nettement devant les 5 autres candidats, avec respectivement 44,2% et 28,5% des voix. Suite à notre dossier sur les avis de chaque candidat de droite sur le cannabis, nous tenions à vous rappeler la vision de François Fillon et d’Alain Juppé sur le cannabis.
François Fillon et le cannabis
Au global, le programme de François Fillon est sur une ligne très dure. Sans demi-mesure, son programme économique est très libéral et rappelle les années tchatchériennes : réduction des dépenses publiques, austérité, suppression du nombre de fonctionnaires, fin des 35h, retraite à 65 ans, etc…
Au niveau diplomatique, il entend réchauffer les relations avec la Russie, notamment pour régler le conflit en Syrie, et venir en aide au régime de Bachar al-Assad.
Côté valeurs, il est très proche du mouvement « Sens commun », héritage de la Manif pour tous, et des valeurs rigoristes catholiques. Sans toutefois vouloir revenir sur le mariage homosexuel, il a une vision très tranchée des droits réservés aux couples LGBT, notamment sur l’adoption qu’il veut réserver aux couples hétéros.
Et pour le pilon ? Fillon est contre la dépénalisation. Pour lui, « la politique suivie en France n’est pas forcément la meilleure, mais celle conduite dans d’autres pays qui ont dépénalisé le cannabis n’a pas les résultats qu’on veut bien lui donner. Aux Pays-Bas, la question fait débat. On ne peut pas dire que là où c’est dépénalisé, il y a moins de consommateurs »
Et effectivement, aux Pays-Bas, la question fait débat. Mais pour une légalisation, notamment avec un projet de loi déposé au Parlement et soutenu par une majorité de députés, pour enfin réguler la culture de cannabis, qui est aujourd’hui interdite de manière industrielle et pour l’industrie récréative. Mr Fillon se trompe également quand il dit qu’on « ne peut pas dire que là où c’est dépénalisé, il y a moins de consommateurs ». Tous les pays européens qui ont dépénalisé accusent des taux de consommation moins forte.
Si proche qu’il soit de la Russie, qui a dépénalisé la culture de cannabis jusqu’à 20 plants et qui autorise la possession de 6g de cannabis, Mr Fillon a une vue très nixonienne du cannabis. Pas de pilon pour Fillon, donc.
Alain Juppé et le cannabis
Alain Juppé est-il pour le tarpé ? Pas plus, mais avec une ligne moins dure et un exemple de mise en place de politique de réduction des risques liés à la consommation de drogue dans sa ville de Bordeaux.
L’homme que l’on compare souvent à Bernie Sanders, plutôt en raison de son âge que de son programme politique, est contre une dépénalisation, mais propose dans son programme « une amende d’une centaine d’euros, payable sur le champ, avec information de la famille” aux consommateurs de cannabis. Ceci ressemble fort à une contraventionnalisation, et est donc une dépénalisation de fait. Mr Juppé aurait peut-être besoin de réviser la différence entre dépénalisation et légalisation du cannabis, et ses variantes.
Côté réduction des risques, Bordeaux va accueillir une salle de consommation à moindre risque (SCMR) qui offre un cadre sûr, propre et encadré à des toxicomanes de longue durée, qui viennent s’y injecter leur drogue sous le contrôle de personnes habilitées et formées. Ces SCMR permettent entre autres d’éviter les overdoses, la transmission de maladies comme l’hépatite ou le VIH/Sida et de faire accéder aux soins une partie de la population toxicomane qui refuse souvent d’être prise en charge.
A noter également qu’Alain Juppé est parti enseigner deux ans au Québec, un Etat canadien qu’il affectionne tout particulièrement, entre 2004 et 2006. Le mouvement de légalisation du cannabis au Canada pourrait-il lui donner des idées ?
Sur le reste de son programme, Juppé veut remettre l’emploi en première ligne de l’action gouvernementale, avec la sortie des 35h, un CDI avec des conditions plus faciles pour les employés comme pour les employeurs, des économies sur le budget de l’Etat, plus d’aides pour les familles, la dégressivité des allocations chômage, etc…
Pas de folies, donc, mais une ligne politique moins dure et un personnage plus humain. Est-ce que la France le choisira pour représenter le parti Les Républicains aux élections présidentielles de 2017 ? Résultat dimanche prochain.
Pour aller plus loin : Cannabis et candidats à la Présidentielle de 2017