Les américains savent-ils vraiment ce qu’ils fument ?
Alors que le cannabis devient une culture légitime, légale et hautement profitable aux Etats-Unis, les scientifiques continuent d’analyser et de comprendre cette plante. Et les dernières conclusions sont sans appel : la prohibition a conduit les consommateurs à ne plus savoir ce qu’ils fument. Explications
Les cultivateurs ont longtemps basé leurs connaissances sur leur expérience et sur l’expérience des autres cultivateurs. Par exemple, la différence entre les variétés indica et sativa, sur laquelle s’est récemment penché une équipe canadienne.
La plante de cannabis se divise en trois espèces : la sativa, l’indica et la ruderalis. La dernière est la moins pourvue en THC, et donc la moins cultivée pour l’instant. Ses applications sont néanmoins nombreuses dans la création de nouvelles espèces riche en CBD. Les indica et les sativa peuvent être croisées entre elles, créant de nouvelles variétés, mais beaucoup de dispensaires identifient les produits comme étant majoritairement sativa ou indica.
La croyance populaire veut que ces deux espèces aient des effets différents. La sativa est soit-disant une variété plus stimulante alors que l’indica aurait des effets plus somnolents. Les chercheurs canadiens ont puisé dans les génotypes de 81 échantillons de marijuana et 43 de chanvre pour chercher leur héritage génétique. Conclusion : dans la plupart des cas, les plantes sont mal étiquetées.
En fait, les chercheurs ont seulement trouvé “une corrélation modérée” entre l’histoire du produit telle que partagée par le vendeur et son historique ADN. “Par exemple, un échantillon de Jamaican Lambs Bread, classé comme une sativa, était quasiment identique à une variété indica d’Afghanistan“, selon le communiqué de l’Université de Colombie Britannique.
L’étude montre surtout à quel point l’étiquetage du cannabis est biaisé, même si c’est une industrie qui s’officialise rapidement. Pour faire un parallèle avec l’alcool, c’est comme si, à la fin de la Prohibition, nous ne savions plus quelle matières premières utiliser pour créer de l’alcool, le degré d’alcool, ou si la distillation était faite en sécurité. Mais qu’on continuait à en faire. D’autres recherches montrent que la puissance et la qualité du cannabis ne sont pas du tout régulées, et cette nouvelle étude ajoute à la liste la difficulté de connaître la provenance d’un produit.
On comprend mieux maintenant l’apparition de mouvements militants qui demandent à privilégier la qualité à la quantité. Et on pense fort à notre traçabilité, chère à la France !
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