La plupart des États américains légaliseront les psychédéliques d’ici 2037

Une majorité d’États américains légalisera les psychédéliques d’ici 2037, selon une nouvelle analyse publiée dans une revue de l’American Medical Association et fondée sur un modèle statistique du mouvement de légalisation du cannabis aux Etats-Unis.

La réforme des drogues psychédéliques a progressé « rapidement et de manière disparate » aux États-Unis – et si le mouvement de dépénalisation a commencé dans les États les plus libéraux, « la réforme des drogues psychédéliques est en train de devenir une question bipartisane », selon l’étude publiée mercredi dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) Psychiatry.

Les chercheurs de l’Université de Washington à Saint-Louis ont compilé et analysé les données sur les lois sur les psychédéliques qui ont été introduites et promulguées dans les villes et les différents États à travers les Etats-Unis, ainsi que les initiatives de vote sur la question de 2019 à 2022.

En commençant par la décision historique de Denver de dépénaliser la psilocybine en mai 2019, la renaissance des psychédéliques a explosé ces dernières années, prenant la forme de propositions visant à mettre fin à la criminalisation, à promouvoir la recherche et à la légaliser pour des usages thérapeutiques, comme les électeurs de l’Oregon ont choisi de le faire lors du scrutin de 2020. Le Colorado a suivi le mois dernier avec une initiative approuvée par les électeurs pour légaliser la possession d’une large gamme de psychédéliques par les adultes tout en mettant en place des « centres de guérison » pour la psilocybine.

Ce mouvement « nécessite un consensus sur les modèles de traitement, l’éducation et l’orientation des professionnels de la santé, et la planification de la mise en œuvre et de la réglementation », indique l’étude.

L’analyse montre que la moitié des États américains ont examiné un total de 74 projets de loi sur les psychédéliques. 10 projets de loi ont d’ores et déjà été promulgués et 32 restent actifs. Les chercheurs ont également noté que la majorité des mesures de réforme « spécifiaient la psilocybine », la MDMA étant la deuxième substance la plus souvent mentionnée.

« Si les premiers efforts législatifs ont été déployés dans des États libéraux, la marge entre les États libéraux et conservateurs a diminué au fil du temps (bien que la différence ne soit pas significative), ce qui suggère que la réforme des drogues psychédéliques est en train de devenir une question bipartisane », ont déclaré les chercheurs.

« Un modèle analytique basé sur la légalisation du cannabis prévoit qu’une majorité d’États légaliseront les psychédéliques d’ici 2034 à 2037 », ont-ils déclaré.

Les auteurs de l’étude ont ajouté que « l’avenir des psychédéliques » dans ce pays sera également influencé par plusieurs facteurs clés tels que les résultats des « décisions de la Food and Drug Administration (FDA) basées sur les essais cliniques en cours », les actions possibles de la Drug Enforcement Administration (DEA) sur le classement des psychédéliques parmi les substances contrôlées et « la réforme législative au niveau des États, qui a été le principal moteur de la légalisation du cannabis ».

« Le cannabis a obtenu sa légalisation grâce à une réforme législative dans la plupart des États, malgré le maintien du statut de la DEA dans l’annexe I et l’absence d’approbation de la FDA », indique l’étude. « Maintenant, les réformes législatives des États modifient les perspectives de traitement des psychédéliques et de répression des drogues illicites. »

L’examen futur d’un changement de politique en matière de psychédéliques « devrait porter sur des questions de soins de santé clés telles que l’établissement (1) de normes pour les médicaments obtenus en dehors de l’établissement médical, (2) de critères d’autorisation pour les prescripteurs et les thérapeutes, (3) d’infrastructures cliniques et de facturation, (4) de contre-indications potentielles, et (5) d’utilisation dans des populations spéciales comme les jeunes, les adultes âgés et les personnes enceintes. »

« Les résultats de notre étude ont montré que, après des décennies de restriction légale, les États américains ont rapidement évolué vers un accès accru aux psychédéliques. La dépénalisation n’est qu’une étape dans un processus complexe visant à transformer ces composés en thérapies sûres et efficaces. Ce processus aura des conséquences importantes pour la communauté médicale et scientifique. L’intégration du traitement psychédélique dans la pratique clinique nécessitera d’éplucher de nombreuses couches d’interdiction légale et d’approbation de la FDA, de clarifier les directives de prescription et de développer des modèles de traitement qui fonctionnent pour les fabricants de médicaments, les médecins et les patients. »