Cannabis en Espagne

Espagne : Podemos prépare une loi pour réguler le cannabis en 2019

Published

on

Le parti espagnol Unidos Podemos a organisé hier, au Congrès de Députés, un forum intitulé « vers la régulation intégrale du cannabis ». Son leader, Pablo Iglesias, y réitère sa position pro-légalisation et considère la rencontre comme « le point de départ » pour l’élaboration d’une loi que le parti espère présenter au Parlement espagnol dans les premiers mois de 2019.

PUBLICITE

« La légalisation n’est plus qu’une question de temps »

« Il n’est plus question de savoir s’il y a un débat mondial sur la régulation du cannabis, cette phase est déjà passée, le débat aujourd’hui porte sur qui sera le prochain à réguler le cannabis » affirme Pablo Iglesias.  Dans son discours, il insiste sur le fait que la régulation du cannabis à l’échelle globale est devenue une évidence et que l’Espagne pourrait grandement bénéficier, socialement, économiquement et symboliquement de compter parmi les pionniers en la matière. Son ambition que l’Espagne suive le chemin du Canada et de l’Uruguay et devienne une « référence en Europe ».

Le débat, qui a duré plus de 5 heures, était articulé autour de trois axes de réflexion :

  • les expériences internationales de régulation du cannabis et le changement global de paradigme
  • la perspective scientifique et sanitaire du cannabis
  • les potentiels modèles de production et leur impact économique

Les bienfaits sociaux et économiques de la régulation ne sont, selon Pablo Iglesias, plus à prouver : elle permet entre autre un contrôle de la qualité du produit, une lutte efficace contre le marché noir et le narcotrafic, des recettes fiscales pour l’État, la création d’emploi et la protection de la jeunesse. Il prend pour exemple les Etats ayant déjà légalisé et met en avant des chiffres positifs. Concernant les bénéfices fiscaux, par exemple, il souligne qu’aux Etats-Unis, l’Etat de Washington et du Colorado ont déjà récolté plus de 300 millions de dollars en taxes. Enfin, il en appelle au respect de la liberté individuelle : « la liberté d’adultes responsables et informés de fumer leur pétard comme on boirait un verre de vin sans être stigmatisés ou poursuivis en justice ».

Quelle régulation du cannabis ?

Après avoir acté que la régulation est proche, le leader de Podemos pose une question cruciale : celle du modèle de régulation. Sur ce point, il veut se détacher du modèle canadien et opte pour un secteur géré par l’État comme un service public. L’État prendrait en charge l’accord des licences et ne les délivrerait qu’à certains bénéficiaires dans un objectif de création de richesse sociale et non de croissance économique. Cela permettrait par exemple de revivifier le secteur agricole et les milieux ruraux.

Il propose d’accorder des licences en premier lieu aux agriculteurs qui pratiquent la monoculture ou aux agriculteurs qui ont eu de mauvaises récoltes, ces derniers pourraient être autorisés d’une année à l’autre à planter du cannabis pour compenser des revenus bas. D’autres propositions incluent l’auto-culture et la culture en coopérative dans des structures agricoles de petites ou de moyenne taille pour « éviter les monopoles et oligopoles des grandes entreprises ».

Iglesias est clair sur ce point, il ne veut pas que la production tombe aux mains de grandes multinationales. Bien qu’il n’ait pas mentionné explicitement les Social Clubs, il semble que ce soit ce à quoi il se réfère quand il mentionne la « culture en coopérative » et le maintien d’initiatives citoyennes, un moyen de maintenir et régulariser le système de distribution actuel.

Traditionnellement Ciudadanos soutient ce genre d’initiatives. Mais il sera moins aisé de convaincre les deux partis traditionnels d’Espagne, le PSOE (parti socialiste) et le PP (parti populaire), plus conservateurs en la matière. Ces derniers avaient tout de même donné leur accord pour la formation d’une commission permanente au sein du Congrès pour discuter de l’avenir du cannabis espagnol dont le statut légal est toujours aussi flou.

Click to comment

Trending

Quitter la version mobile