Pourquoi la légalisation du cannabis en Uruguay n’est pas un franc succès
Selon les données de 2021 publiées par l’Institut pour la réglementation et le contrôle du cannabis uruguayen (IRCCA), la légalisation du cannabis en Uruguay a contribué à écarter les trafiquants de drogue du marché.
Cependant l’offre légale en cannabis reste insuffisante et seulement 27 % des consommateurs de cannabis en achètent légalement. Le pourcentage s’élève à 39 % si l’on tient compte du fait que certains acheteurs partagent le produit avec leurs amis et connaissances, un pourcentage qui peine à augmenter depuis la mise en place de la légalisation.
La légalisation du cannabis en Uruguay a introduit trois mécanismes pour l’acquisition de cannabis : l’autoculture, les Cannabis Social Clubs et l’achat en pharmacie. L’Etat supervise ces 3 voies d’accès et les limite pour l’instant aux personnes résidant dans le pays, bien que le Congrès envisage d’ouvrir le marché aux touristes de passage.
Environ 49 630 Uruguayennes et Uruguayens sont inscrits pour se fournir dans les 28 pharmacies du pays qui vendent du cannabis, 14 035 font pousser chez eux et 7 166 sont membres des 249 Clubs enregistrés.
« La réglementation du cannabis a été plus efficace que la répression pour frapper le trafic de drogue », explique Mercedes Ponce de León, directrice du Cannabis Business Hub et d’ExpoCannabis Uruguay.
La légalisation a également permis la naissance d’une industrie naissante d’exportation de cannabis médical. Selon les données du portail d’information Uruguay XXI, en 2020, les exportations ont doublé par rapport à l’année précédente pour atteindre 7,3 millions d’euros. En 2021, les recettes ont atteint 8,1 millions d’euros et au premier semestre 2022, 4,4 millions d’euros.
Pour le moment, les exportations se concentrent sur les fleurs à usage médical et sont principalement destinées aux États-Unis, à la Suisse, à l’Allemagne, au Portugal, à Israël, à l’Argentine et au Brésil.
Des corrections à venir
Le gouvernement prévoit désormais de vendre du cannabis avec plus de « punch » dans les pharmacies d’ici la fin de l’année afin d’attirer davantage de consommateurs sur le marché légal. Les variétés disponibles sont en effet limitées en nombre et en THC, à 9%, un pourcentage relativement faible.
« Il y a certains utilisateurs qui demandent un pourcentage plus élevé de THC ou plus de variété, et cela conspire contre l’efficacité du système car cela signifie que certains consommateurs qui pourraient acheter en pharmacie se dirigent vers d’autres options du marché réglementé ou vers le marché noir », explique Daniel Radío, secrétaire général du Conseil national des drogues.
Les pharmacies autorisées sont par ailleurs peu nombreuses par rapport à la population totale. Ces dernières rencontrent aussi des difficultés avec le système bancaire en raison de la législation internationale autour du cannabis.
Autre frein à l’adhésion, les consommateurs de cannabis doivent s’enregistrer sur un registre national. Certains préfèrent ne pas donner leur identité, même si les informations ne sont utilisées que pour des études de consommation, selon le gouvernement.
Quant aux clubs, ils ne peuvent avoir qu’un nombre limité de membres (entre 15 et 45), et dans beaucoup d’entre eux, il y a même une liste d’attente pour s’inscrire. Le règlement établit que le stock de chaque membre ne peut pas dépasser 40 grammes par mois.
L’auto-culture clandestine
Les experts indiquent que les plus gros fournisseurs du marché illégal sont désormais de petits cultivateurs locaux qui cultivent leurs propres plants sans être enregistrés.
Selon Marcos Baudean, professeur à l’université ORT en Uruguay et chercheur pour le projet Monitor Cannabis, « il y a beaucoup plus de cultivateurs à domicile qui n’apparaissent pas dans les registres », il est donc impossible de faire une estimation concrète de la part du marché noir.
Malgré cela, le professeur assure que les cultivateurs non enregistrés « ont déjà dépassé » le nombre de réseaux de trafic dans la vente de cannabis. Néanmoins, les trafiquants de drogue continuent d’être présents en Uruguay, principalement en vendant le célèbre « prensado », des briques de cannabis pressé très peu chers et de faible qualité.
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