Dépénaliser le cannabis nuirait à Daech
Et ce n’est pas nous qui le disons mais Franco Roberti, responsable national italien de la lutte contre la mafia et le terrorisme. Dépénaliser la vente de cannabis porterait un grand coup au prétendu Etat Islamique et aux mafieux italiens qui, selon des récentes investigations, se sont unis dans la contrebande de haschisch.
La principale route de contrebande pour le hasch nord-africain va maintenant de Casablanca au Maroc, à travers l’Algérie, la Tunisie jusqu’à Tobruk à l’est de la Libye, d’après Franco Roberti. Cette route longe la ville balnéaire de Syrte qui sert aujourd’hui de base méditerranéenne à la plus puissante des branches de Daech.
« L’Etat Islamique contrôle les routes libyennes, il contrôle toute la côte du Golfe de Syrte » dit Roberti. Dans ses investigations, la police italienne a trouvé des preuves que le crime organisé italien, qui contrôle depuis longtemps l’approvisionnement en drogues du pays, et les terroristes nord-africains travaillent ensemble.
« La dépénalisation ou la légalisation pourrait être une arme contre les trafiquants, parmi lesquels il peut y avoir des terroristes qui gagnent de l’argent avec » pour Roberti. Le crime organisé italien générerait en effet plus de 32 milliards d’euros par an avec le trafic de drogue, dont le cannabis. « Le terrorisme international se finance par des activités illégales typiques de la mafia, comme le trafic de drogues, la contrebande de produits commerciaux, de pétrole, d’œuvres d’art ou de kidnapping ».
Face aux énormes défis de la lutte contre la contrebande, le trafic de cocaïne et le terrorisme international, les enquêteurs dépensent beaucoup de temps et d’énergie à combattre les dealers de cannabis, avec peu d’effets, dit Roberti. « Nous dépensons beaucoup de ressources inutilement. Nous n’avons pas réussi à endiguer le trafic de cannabinoïdes. Au contraire, il augmente » dit Roberti, qui combat la mafia depuis plus de trente ans.
« Cela vaut-il le coup de mettre des enquêteurs pour combattre les ventes de rue de drogue douce » demande-t-il. Selon les dernières données du gouvernement italien, environ 3,5 millions d’Italiens entre 15 et 64 ans ont consommé du cannabis en 2014.
Le cannabis est moins préjudiciable que les drogues dures et synthétiques, qui ne devraient pas être dépénalisées, selon lui. Mais les lois italiennes contre la vente et la culture de cannabis sont sévères et peuvent aboutir à des peines de prison.
Un groupe bi-partisan de politiciens a proposé de légaliser la possession et la culture de cannabis en Italie début 2016, mais n’a été suivi par aucun leader des principaux partis politiques.
Dans son dernier ouvrage Il contrario della paura (Le contraire de la peur), Roberti suggère que toute l’Europe, et pas seulement l’Italie, devrait considérer un meilleur usage des ressources d’investigation : « Sur la dépénalisation [du cannabis], il devrait y avoir un débat national, mais aussi européen ».
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