Cannabis aux Etats-Unis

La DEA multiplie par 5 le quota de cannabis disponible à des fins publiques pour 2019

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Chaque année, la DEA, l’agence antidrogue des Etats-Unis, établit des quotas concernant les substances contrôlées pour déterminer la quantité disponible pour la recherche médicale, scientifique et les besoins industriels du pays. Cette quantité inclut aussi l’exportation, ainsi que l’établissement et le maintien de stocks de réserve, mais pas l’industrie privée. La DEA vient ainsi d’annoncer son quota pour la production de cannabis en 2019 : il a été multiplié par plus de cinq, passant de 444 kilos en 2018 à 2 450 pour l’année prochaine.

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Les signes d’une politisation du cannabis

Cette augmentation importante pourrait signifier que la DEA, qui a longtemps combattu toute forme de consommation de cannabis, assouplit aujourd’hui sa position au vu de l’intérêt croissant que porte la population, mais aussi les sphères politique et scientifique, à la plante. La DEA avait déjà tenté de faciliter l’accès des chercheurs à la plante en tentant d’autoriser l’Institut National de l’Abus de Drogue à accorder des licences à de nouveaux producteurs. En effet, depuis 1968, le monopole de la production de cannabis à des fins publiques dont la recherche est détenu par une ferme de l’Université du Mississippi. Les scientifiques s’étaient plaints notamment de la pauvre qualité du produit et de la difficulté d’obtenir des autorisations auprès du producteur. Ce processus avait été bloqué par l’administration de Jeff Sessions.

Le mois dernier, huit sénateurs ont adressé une lettre à Jeff Sessions pour le presser d’autoriser le processus d’acceptation des candidatures de nouveaux producteurs (déjà émises) tel qu’il avait été initié par la DEA. Face à la pression politique, Jeff Sessions avait déclaré qu’il était « sain » d’autoriser une production augmentée à des fins de recherche scientifique mais, pour l’instant, rien de plus n’avait été fait. La multiplication du quota de la part de la DEA pourrait cependant signifier que le processus est en passe d’être débloqué puisque la ferme du Mississippi est incapable de prendre en charge une telle production à elle seule.

L’importante production prévue par la DEA pourra servir à développer une base de données publique sur la recherche scientifique et médicale autour de la plante sur laquelle s’appuieraient en partie les décisions politiques. Une fois établie la publication officielle du quota annuel pour 2019, des commentaires publics sont autorisés pour une période de 30 jours après quoi l’agence finalisera sa proposition potentiellement amendée.

La réduction parallèle du quota des opioïdes

Parallèlement, dans le contexte de crise que connait actuellement les Etats-Unis, la DEA a proposé des quotas réduits pour un certain nombre d’opioïdes : « Nous avons perdu trop de vies dans l’épidémie des opioïdes » regrette l’agence. Or, cette crise intervient au même moment où se développe le potentiel du cannabis médical qui apparaît comme une alternative efficace dans le traitement d’un nombre important de pathologies et même dans le traitement de la douleur. Légitimé par une recherche médicale approfondie, le cannabis pourrait remplacer les antidouleurs traditionnels.

Jeff Sessions, procureur général des Etats-Unis connu pour ses positions anti-cannabis et son opposition répétée à toute initiative fédérale en faveur de près ou de loin du cannabis, admet que la crise des opioïdes est « la pire crise relative aux drogues qu’ait connu les Etats-Unis » et a accueilli d’un bon œil la réduction de 10% du quota actuel. Mais ne reconnait toujours pas le cannabis comme médecine alternative.

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