Cannabis en France
La consommation précoce de cannabis aurait une incidence sur les résultats scolaires
« On roule un spliff ? » cette phrase, de nombreux d’adolescents l’entendent quotidiennement. La France est aujourd’hui le pays européen qui consomme le plus de cannabis devant l’Italie, l’Estonie ou encore la Pologne. Et cette consommation débute de plus en plus tôt, les adolescents français étant également les plus gros consommateurs du continent.
La consommation des jeunes garçons à l’âge de 15 ans en Europe et Amérique du Nord
La consommation des jeunes filles à l’âge de 15 ans en Europe et en Amérique du Nord
Ces deux cartes qui proviennent de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comparent le pourcentage des filles et des garçons qui ont déjà fumé un joint à l’âge de 15 ans en Europe et en Amérique du Nord. On constate que dans l’Hexagone au moins 29% des garçons et 26% des filles ont déjà tiré sur un pétard tandis que la moyenne européenne est d’environ 15%. Les pays les plus touchés pour les garçons sont la France, la Suisse, la Pologne ou encore l’Italie tandis que pour les filles, on retrouve une nouvelle fois notre cher pays, suivi du Canada et de la Bulgarie.
Un frein pour les résultats scolaires ?
Une nouvelle étude parue dans la revue International Journal of Epidemiology montre le lien de causalité entre l’initiation d’une consommation précoce de cannabis, c’est à dire avant l’âge de 17 ans, et les résultats ultérieurs sur le parcours scolaire. La consommation du cannabis à l’adolescence prédirait le niveau d’étude qu’atteindra l’adolescent.
L’étude compare les jeunes consommateurs en tenant compte des caractéristiques sociodémographiques des adolescents et de leurs parents. Elle ne prend en revanche pas en compte certaines difficultés que peuvent rencontrer les adolescents, comme les troubles psychologiques.
L’étude a donc suivi de jeunes français, consommateurs et non-consommateurs. Elle constate que les adolescents qui fument du cannabis très tôt ont plus de probabilités que les non-fumeurs de ne pas aller au-delà du baccalauréat. Les adolescents qui ont commencé à fumer du cannabis après l’âge de 17 ans ont, d’après cette étude, un niveau d’étude comparable aux non-fumeurs. Enfin, l’étude montre que le lien entre une consommation précoce de cannabis et le niveau d’études est plus associé chez les jeunes filles que chez les jeunes garçons.
Les résultats montrent également un faible niveau scolaire chez les adolescents qui commencent très tôt à fumer des joints. Ces derniers auraient besoin de l’attention de spécialistes de la toxicomanie afin de limiter les risques à long terme. Pour rappel, l’Observatoire français des Drogues et des Toxicomanie (OFDT) chiffre la première expérimentation de cannabis des jeunes français entre l’âge de 11 et 15 ans.
Les risques dépendent de la dose et la quantité de cannabis consommée
Le cerveau de l’adolescent est très sensible car le THC, la molécule psychoactive du cannabis, va perturber le développement des zones cérébrales, en particulier par des lésions qui vont venir perturber la concentration, engendrer une baisse de motivation et des perte de mémoires, ce qui va favoriser l’échec scolaire.
La dose de cannabis consommée n’est pas mentionnée dans l’étude. On sait pourtant que le nombre de pétards fumés va influencer les résultats. Ainsi, d’après une autre étude de la revue scientifique Hippocampus réalisée en 2015, les gros consommateurs de cannabis présentent des anomalies au niveau de l’hippocampe, une zone du cerveau située dans le lobe temporal, qui est l’un des centres de la mémoire. Les personnes qui fument le plus de cannabis ont alors plus de difficultés de mémoire à long-terme.
Mehdi Bautier