Cannabis en France
Conférence de la MILDECA sur l’argent de la drogue
Où va l’argent de la drogue en France ? Hier se tenait à l’Ecole militaire de Paris une conférence sur ce sujet. Organisée par la mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et Conduites Addictives (MILDECA), cette conférence rendait compte des différents trafics lucratifs sur notre sol. Le but des chercheurs était d’établir un chiffre d’affaire moyen pour chaque drogue et de chercher à mesurer les bénéfices de chaque filière du trafic.
Le cannabis toujours devant
Sans surprise le cannabis se retrouve en tête du marché avec 285 tonnes vendues par an, pour un chiffre d’affaire moyen de 1.117 milliard d’euros. Le cannabis représenterait ainsi la moitié du chiffre d’affaire total généré par les drogues sur le sol français.
Parmi les statistiques étonnantes de ce rapport, l’évolution du CA du canna. Son chiffre d’affaire a augmenté de 33% en 5 ans. Pourtant la quantité consommée n’a que très peu augmenté sur ce même laps de temps. L’explication se situe plutôt dans la hausse de teneur en THC dans les produits qui se répercuterait sur le prix de vente. Les chercheurs ne comptent pas dans la hausse du prix le facteur sécuritaire, soit la pression pénale sur le dealer qui le pousse a augmenter ses marges. Ces facteurs sécuritaires forcent les organisations criminelles à embaucher guetteurs, nourrices et petits détaillant.
L’étude met en relief les organisations du trafic de cannabis et leur gain annuel moyen par personne. En France, les chercheurs comptent 1096 têtes de réseau qui tirent près de 383 000€ par an, chacun, de leurs activités illégales. Les grossistes gagneraient, eux, près de 65 000€ en moyenne par an. Semi-grossistes et vendeurs de rues touchent en moyenne 8500 € par an. Notons que les têtes de réseaux se partagent 421 millions d’€ des 1.117 milliards générés par la vente de cannabis.
La rentabilité du cannabis pour un dealer, quelle que soit sa place dans l’échelle du trafic, est située entre 30 et 40%. Pour la première fois, la MILDECA intègre dans ses calculs les indépendants : les auto-culteurs improvisés dealers et vendeurs occasionnels. Ces personnes toucheraient environ 5000€ par an.
Nez poudreux, rentabilité maximale
Le rapport insiste sur la forte présence de la cocaïne dans le paysage de la drogue en France. Actuellement, 15 tonnes de coke sont consommées chaque année , soit 5 fois plus qu’en 2005. La totalité du trafic de poudre blanche serait de 902 millions d’euros par an. Les 33 parrains de la coke en France toucheraient environ 15 millions d’euros par an chacun. Le grossiste de cocaïne touche 285 000 € par an, tandis le détaillant peut s’en sortir avec 25 000€ par an. Selon la MILDECA, l’énorme rentabilité de la cocaïne provient des nombreuses coupes aux différentes échelons du trafic. Ainsi un investisseur/dealer en cocaïne peut espérer jusqu’à 60% de bénéfices sur la somme initialement investie.
Parmi les autres drogues en progression, les ecstasys, MDMA et amphétamines totalisent 53,2 millions d’euros de CA sur notre sol. Cependant, ces chiffres datent de 2010. Ils ne prennent donc pas en compte la hausse de popularité récente des pilules synthétiques. Durant tout le rapport, on fait état de fourchette haute et de fourchette basse. La fourchette basse du trafic de MDMA est estimée a 13,2 millions alors que la fourchette haute est située 71,2 millions d’euros.
Théo Caillart