Addiction
Colorado : du cannabis médical pourra être prescrit à la place des opioïdes
Pionnier du cannabis récréatif, l’Etat du Colorado vient d’adopter une loi qui autorise les médecins à prescrire du cannabis médical en lieu et place des opioïdes. Toute condition médicale pouvant être soignée par des opioïdes pourra, à partir du 2 août, faire l’objet d’une prescription de cannabis médical.
Cannabis, douleurs et opioïdes
Auparavant, le cannabis médical n’était disponible au Colorado que pour le cancer, le glaucome, le SIDA, le syndrome de stress post-traumatique et d’autres pathologies chroniques qui provoquent des douleurs intenses, des crises ou des nausées. Les opioïdes étant des médicaments antalgiques et anti-inflammatoires, prescrits pour une large variété de conditions impliquant douleur et inflammation, cette liste se trouve considérablement élargie.
Ces médicaments abondamment prescrits provoquent un phénomène de dépendance physique qui conduit les patients à l’addiction. Ils ont été responsables de plus de 70 000 décès en 2017. La mortalité associée à leur consommation a fait baisser l’espérance de vie totale des Etats-Unis. Au Colorado, ils sont devenus plus meurtriers que les accidents de la route. L’Etat n’est d’ailleurs pas le premier à troquer les prescriptions d’opioïdes pour le cannabis médical. L’Illinois a voté une loi similaire en février.
Le gouverneur du Colorado, Jared Polis, a signé la loi jeudi dernier en précisant que « le Colorado perdait un membre de sa communauté à cause d’une overdose de drogue environ toutes les neufs heures, avec les opioïdes représentant plus de la moitié de ces décès ». « Ces morts peuvent être empêchées. Au vu de ces statistiques, il est du devoir de nos législateurs de fournir aux médecins les opportunités de discuter d’alternatives aux opioïdes et de fournir aux patients des choix » a-t-il ajouté en soulignant que plus de recherche était toutefois nécessaire.
Cette initiative bipartisane a largement remporté l’adhésion des deux chambres avec un vote à 47 contre 16 à la Chambre des Représentants et 33 contre 2 au Sénat. Cependant, elle a inquiété certains citoyens comme Stephanie Stewart, une médecin de la ville d’Aurora : « Cette loi substituera le cannabis à une médication approuvée par la FDA – quelque chose qui n’est pas régulé pour quelque chose qui est très régulé ». D’autres s’inquiètent du fait que la loi s’applique aux mineurs. Pour Ashley Weber en revanche, directrice exécutive de NORML Colorado, le cannabis reste un « outil de gestion de la douleur plus sûr » que les opioïdes.