Cannabis en Colombie
Colombie : des élus préparent une proposition de légalisation du cannabis récréatif
Des législateurs colombiens issus des plus grands partis d’opposition ont joint leurs efforts dans l’élaboration d’une proposition de loi pour légaliser le cannabis récréatif. Le pays est déjà un Hub continental pour la production de cannabis médical, mais le gouvernement actuel a adopté une ligne réactionnaire pour ce qui est de la consommation récréative.
Un pied de nez au gouvernement
La Constitution colombienne précise que la consommation de drogue doit être traitée comme un problème de santé publique et non de justice criminelle. Le pays a d’ailleurs dépénalisé la consommation de drogues en 1994 (en deçà de 20 grammes pour le cannabis). Cette mesure avait été contestée par l’actuel président, Ivan Duque, en office depuis août dernier. Celui-ci a autorisé la police, via un décret présidentiel, à saisir n’importe quelle quantité de drogue mettant ainsi fin à la politique de tolérance pour la possession de petites quantités.
Cette initiative de légalisation vient donc s’inscrire contre le renforcement des politiques de répression du gouvernement. Elle émane d’ailleurs du sénateur d’opposition et écrivain majeur du « narcogenero » – genre littéraire sur le thème du narcotrafic – Gustavo Bolivar. Elle sera coécrite par une douzaine de députés issus d’autres partis de l’opposition : le parti libéral, le parti Changement Radical et le Parti U. Ces trois partis sont les deuxième, troisième et quatrième forces politiques du Congrès colombien.
Le parti de centre démocratique du président Duque est la première force politique du Congrès mais il n’a pas de majorité parlementaire. Dans ces conditions, il est possible que la proposition soit acceptée malgré l’opposition du président. Reste à voir si la légalisation du cannabis récréatif fait l’unanimité chez les élus de l’opposition. Les 12 coauteurs travaillant sur la proposition prévoient de l’introduire le 20 juillet prochain.
Une guerre contre la drogue inefficace
Les auteurs précisent qu’entre 2000 et 2015, l’Etat a dépensé 140 millions de dollars pour combattre les cultures illégales de cannabis et de coca mais que celles-ci n’ont cessé d’augmenter, comme le précise le rapport UNODC 2018. En outre, la criminalisation des drogues et les politiques répressives qui y sont associées ont coûté la vie à 25 000 civils et 7 000 membres des forces de l’ordre selon la presse.
Par ailleurs, le président Ivan Duque a été critiqué par Trump pour n’avoir pas été capable d’endiguer le trafic de drogues en provenance de Colombie. « Il n’a rien fait pour nous. Il y a plus de drogue venant de Colombie maintenant qu’avant qu’il soit président », avait déclaré le président américain. Le ministre des Affaires Etrangères colombien, Carlos Holmes Trujillo, a ensuite été contraint de publier des statistiques qui montrent en effet une baisse des saisies de drogues.