Cannabis en France

CANNALEX : comparaison internationale d’expériences de régulation du cannabis

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Ce vendredi 6 octobre se tenait à l’amphithéâtre Foch de l’Ecole Militaire de Paris la conférence de restitution finale de Cannalex, une comparaison internationale des différentes expériences de régulation du cannabis au Colorado, dans l’Etat de Washington et en Uruguay.

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Le projet initié en 2015, a été mené par l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) en partenariat avec l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) et grâce à un appui financier du Conseil supérieur pour la formation et la recherche stratégiques (CSFRS).

L’approche de base est intéressante. Les 3 pays / Etats ont enclenché la légalisation du cannabis à la même période, autour de 2012, ce qui permet d’avoir aujourd’hui de premiers résultats sur les conséquences de cette réforme législative. Les recherches ont mêlé analyse documentaire et enquête de terrain, pour s’approcher au plus près de la réalité de la situation. Le but n’étant pas tant de se prononcer sur la validité ou non de ces réformes, mais de mesurer les effets à court terme.

Points-clés de la conférence

Les principales conclusions de la conférence ont donc été :

  • Les différentes légalisations du cannabis se sont faites dans un contexte favorable, avec soit une dépénalisation déjà en place et/ou un accès thérapeutique au cannabis, qui ont fortement participé à l’acceptabilité du cannabis. Les modèles de régulation ont en revanche différés.
  • La légalisation du cannabis n’a pas fait augmenter la consommation chez les jeunes, et même plutôt l’inverse. Cette tendance à la baisse chez les plus jeunes contraste avec une augmentation de la consommation chez les +25 ans.
  • Les hospitalisations liées au cannabis ont augmenté avec un coût social non-mesuré à ce jour
  • Les entreprises cannabiques demandent un cadre légal, mais savent très bien le contourner quand il faut (exemple de la publicité)
  • Des effets économiques importants aux USA, les taxes perçues sont déjà supérieures à celles de l’alcool au Colorado. L’Uruguay n’abordant pas la légalisation par le côté économique, les effets sont moindres.
  • Peu d’effets sur la criminalité, mais police et justice sont finalement mobilisées sur d’autres sujets que le simple usage de cannabis
  • Et finalement, il semblerait que le modèle parfait, qui prend en compte à la fois les enjeux de santé publique, de sécurité et économiques, n’ait pas encore été trouvé, si tant est qu’il existe

Nous vous référons aux différents documents publiés par l’OFDT si vous voulez creuser en profondeur :

Et notre avis ?

L’enjeu majeur de CANNALEX est d’apporter un éclairage objectif aux personnes qui prennent aujourd’hui les décisions sur le sujet de cannabis. Et en ce sens, elle est réussie.

On notera au passage la présence dans l’amphi du député LREM Eric Pouillat, membre de la « mission d’information tendant à évaluer l’impact d’une application de la procédure de l’amende forfaitaire au délit d’usage illicite de stupéfiant », ou de l’ancien directeur de la MILDT, Etienne Apaire, au bilan désastreux en matière de politiques de drogues (mais il l’a reconnu).

En revanche, pour qui s’intéresse un peu au sujet, les assos pro-réformes et nous, l’intérêt en apport d’informations est moindre.

On regrettera finalement qu’aucun des membres de Cannalex ne connaisse vraiment le cannabis en tant que tel. L’insistance sur les taux de THC en hausse est particulièrement symptomatique de cette ignorance.

Oui, les US adorent le dab, avec des extraits à 80-90-99% de THC. Dans le même temps, une partie de la population d’usagers micro-consomme, et les dispensaires proposent des variétés peu dosées en THC. Le CBD est également beaucoup utilisé, en wax, e-liquide ou en crèmes, sans que ça ne soit mentionné.

On a aussi appris que le taux de THC de la weed uruguayenne vendue en pharmacie était de 15% (elle est à 2%), et que les Clubs du même pays proposaient des variétés à 25 ou 30%. C’est certes possible, mais est-ce vraiment une généralité ?

Il sera toutefois intéressant de suivre le traitement de ces informations par les différentes parties prenantes au sujet. Et si jamais CANNALEX a besoin d’experts en cannabis, nous sommes partants pour un CANNALEX 2 🙂

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