Cannabis médical
Étude : Le cannabis « modestement » efficace contre la sclérose en plaques
Des chercheurs américains ont analysé 28 récentes études, pour observer l’état des connaissances scientifiques sur l’utilité du cannabis contre la sclérose en plaques. Ce procédé – une méta-analyse – arrive à une conclusion surprenante. Avec les traitements à ratio équivalent en THC/CBD, « les effets neurologiques à court-terme chez les patients sont soit légers, limités, ou modérés, et les bénéfices sont détectés plus par des relevés subjectifs qu’objectifs. »
Cette conclusion renforce un reproche déjà existant : le médicament Sativex – qui utilise un ratio équivalent THC/CBD – est trop peu efficace. Il est autorisé dans l’Union Européenne, au Royaume-Uni et au Canada, mais pas aux Etats-Unis. En France, il est légal mais n’est pas prescrit aux patients en partie pour son faible rendement.
Selon la méta-analyse, ce type de traitement fonctionne « dans une fenêtre thérapeutique restreinte pour améliorer modestement, de manière subjective, la spasticité, douleur, les problèmes de vessie et de sommeil chez les patients observés. De plus, les scientifiques observent des bénéfices seulement « dans les premières semaines après le début du traitement ».
Baisse de la douleur de 3 points sur une échelle de 10
Pour arriver à cette conclusion cinglante, les chercheurs ont ouvert leurs placards. Ils en ont sorti 28 études publiées entre 2007 et 2021. Les scientifiques américains déclarent n’avoir « aucun conflit d’intérêt », ni reçu de financement extérieur pour ce travail. Aussi, leurs résultats sont « relus et approuvés » par d’autres scientifiques, comme il est de coutume.
Outre l’efficacité ou non du cannabis, les chercheurs ont analysé la méthodologie des autres études scientifiques. Ils notent deux biais importants. Le premier : la moitié des études observe des souris et non des humains. « La validité des études sur les animaux est moins certaine, à cause des différences sur le système cannabinoïde » entre l’humain et la souris, relèvent-ils.
Autre défaut : beaucoup de patients sans effet positif grâce au cannabis quittent l’étude avant sa fin. Logiquement, cela nuance les résultats. S’il ne reste que des patients avec effet positif, alors l’étude conclura sur l’efficacité du cannabis.
Avec des analyses sur l’humain, neuf études ont des résultats positifs. Les patients notent une baisse de 2,8 points (sur une échelle de 0 à 10) de la spasticité, principale conséquence de la sclérose en plaques. Aussi, cinq autres publications observent une baisse de 3,4 points (sur 10) des douleurs grâce au cannabis.
En conclusion, la méta-analyse appelle les scientifiques à hausser le niveau. Leurs études doivent être « de haute qualité, pendant plusieurs années, randomisées, à l’aveugle, avec un groupe de contrôle qui reçoit un placébo ». Sans une recherche de pointe, la « confiance dans l’efficacité du cannabis contre la sclérose en plaques » pourrait s’éroder.