Qu’est vraiment le cannabis médical ?
Le cannabis médical est très discuté et débattu par les scientifiques, les médecins ou encore les politiciens sur la scène internationale. De plus en plus de pays le légalisent, des études mettent en avant les bienfaits qu’il procure etc… Mais qu’est vraiment le cannabis médical ? En quoi diffère-il du cannabis à usage récréatif ?
Le cannabis médical, appelé aussi cannabis thérapeutique, se réfère en fait à l’usage qu’une personne fait du cannabis, dans le cas présent pour soigner des symptômes ou une maladie particulière. Les seuls effets psychoactifs ne sont alors pas recherchés, mais bien aussi les effets thérapeutiques du cannabis.
La clé de l’action du cannabis sur le corps humain repose dans les cannabinoïdes, les principes actifs du cannabis. Ce dernier compte à ce jour plus de 85 cannabinoïdes connus. Les deux cannabinoïdes les plus étudiés et les plus utilisés pour leurs effets thérapeutiques sont le cannabidiol (CBD) et le tétrahydrocannabinol (THC).
Le cannabis médical peut être administré sous différentes formes, qui varient du comprimé bien connu des pharmacies aux fleurs séchées, soit issue de chez Bedrocan, soit des coffeeshops.
Le cannabis médical n’est pas légal en France pour l’instant. Une expérimentation de 2 ans qui a commencé en 2020 permettra à 3000 malades de bénéficier de cannabis médical. L’objectif est de valider le circuit de prescription et de distribution du cannabis médical. Elle permettra aussi de mesurer les bienfaits et les possibilités d’élargir à l’ensemble des patients qui pourraient en bénéficier. La généralisation du cannabis médical en France est prévue pour 2025.
Le cannabis médical dans le monde
Le cannabis est utilisé de manière thérapeutique depuis des millénaires, pour traiter de nombreuses maladies. Le premier cas connu d’utilisation médicale du cannabis remonte à environ l’an 2700 avant J-C, dans la Grande encyclopédie des herbes aromatiques de l’Empereur Shennong, l’un des textes les plus anciens sur la médecine à base d’herbes.
Le cannabis fut par la suite utilisé pendant des siècles, jusqu’à sa prohibition au début du 19e siècle. Le cannabis était le plus souvent consommé sous forme solide ou en boisson. Ce n’est que pendant la Révolution Mexicaine, lorsque les Mexicains ont ramené de la weed aux Etats-Unis, que la prohibition a commencé à faire effet. En 1906, le gouvernement américain a introduit le Food and Drug Act qui interdisait les denrées alimentaires venant de l’étranger, dont le cannabis. Par la suite, les Etats américains ont un par un criminalisé le cannabis. Le reste du monde ont suivi sous la pression des USA.
Toutefois, depuis les années 1960, les scientifiques étudient de nouveau le cannabis. Raphaël Mechoulam et son équipe ont réussi à isoler le THC en 1963, puis le CBD et le système endocannabinoïde.
En 1996, la Californie devient le premier Etat américain à légaliser le cannabis médical. Au fil des années, les bienfaits du cannabis resurgissent et la légalisation du cannabis se répand dans le monde. Dans les années 1970, les Pays-Bas dépénalisent le cannabis, le Portugal fait de même en 2000. Et en 2013, l’Uruguay devient le premier pays mondial à légaliser le cannabis.
Aujourd’hui, le cannabis est dépénalisé en Autriche, en Belgique, au Canada, au Chili, en Colombie, en Espagne, en Finlande, en Israël, aux Pays-Bas, en République Tchèque, ou encore au Royaume-Uni, pays qui proposent tous un accès médical au cannabis sous une forme où une autre. Aux Etats-Unis, le cannabis reste illégal au niveau fédéral mais le cannabis médical est légal dans 29 Etats.
Le cannabis médical comme traitement contre la douleur
Le cannabis médical agit sur de nombreuses pathologies et affections, via son action sur le système endocannabinoïde. Il s’est prouvé efficace pour traiter de nombreuses maladies comme le glaucome, la maladie de Parkinson, l’asthme, la sclérose en plaques, l’épilepsie, la maladie de Crohn, le diabète, le syndrome Gilles de la Tourette, le cancer, le syndrome post-traumatique. Il en va de même pour des syndromes pathologiques comme l’anxiété et la paranoïa, les nausées, la dépression et les règles douloureuses.
Pour être clair, le cannabis guérit rarement. Il permet en revanche très souvent de traiter les symptômes d’une maladie avec moins d’effet secondaire que les médicaments traditionnels ou d’être efficace là où aucun autre médicament ne fonctionne. Il agit particulièrement bien contre la douleur, contre l’épilepsie chez l’enfant, et se retrouve prometteur pour des maladies de la vieillesse comme Alzheimer et Parkinson.
L’action médicale du cannabis dépend à la fois de la dose, de la composition en cannabinoïdes de la variété ou du médicament et du mode d’administration. Certains médicaments à base de cannabis comme le Sativex par exemple, destiné en France à traiter la spasticité de la sclérose en plaques, utilisent un spray buccal pour administrer des phytocannabinoïdes (CBD et THC). Le cannabis médical peut aussi être ingéré via des nourritures infusées (pour les personnes qui n’aiment pas ou ne peuvent pas fumer), vaporisées ou fumées (la moins bonne des méthodes). Les malades peuvent aussi consommer du cannabis de manière un peu moins connue comme avec des patchs et des suppositoires.
Quelques variétés médicales de cannabis
Si vous nous avez suivi jusqu’ici, vous avez compris que n’importe quelle variété de cannabis peut être médicale, pour peu qu’elle agisse sur les symptômes qui affectent les malades. Certaines variétés de cannabis ont davantage un profil médical que d’autres. Parmi celles-là, on distingue des variétés à fort taux de CBD comme :
- La Charlotte’s Web : aucun effet psychoactif. Cette variété a été cultivée pour soigner une jeune fille épileptique, Charlotte Figi, atteinte du syndrome de Dravet. Dans un usage médical, elle est le plus souvent consommée sous forme d’huile très dosée.
- La variété Harlequin possède un fort taux de CBD. A dominante sativa, elle est efficace contre la douleur, l’anxiété et pour contrecarrer la parano due au THC. Elle peut être utile pour les maladies comme la maladie de Parkinson ou la sclérose en plaques. On la trouve relativement facilement de notre côté de l’Atlantique dans certains coffeeshops d’Amsterdam.
Les fleurs de cannabis médical sont parfois irradiées pour éviter la transmission de pathogènes à des patients dont le système immunitaire est déjà fragilisé.
Polémiques autour du cannabis médical
L’usage médical du cannabis est souvent décrié, voire diabolisé, notamment parce que la frontière entre le médical et le récréatif peut parfois être ténue. La question qui fâche le plus dans cette optique : un joint le soir après une journée harassante est-il récréatif ou médical ?
D’autres blocages sont aussi mis en avant :
- Recherche limitée : Bien qu’il y ait de plus en plus de preuves de l’efficacité médicale du cannabis pour certaines conditions, il n’y a toujours pas d’essais cliniques complets et à grande échelle en raison d’obstacles réglementaires et de la classification du cannabis comme substance contrôlée de l’annexe I dans de nombreux pays. Les critiques soutiennent que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre pleinement les risques et les avantages du cannabis médical.
- Risque de dépendance : Comme toute substance psychoactive, le cannabis comporte un risque de dépendance, en particulier s’il est consommé régulièrement ou à fortes doses. Ses détracteurs craignent que l’usage médical du cannabis n’entraîne une dépendance ou un usage abusif, en particulier chez les populations vulnérables.
- Incohérences dans le dosage et l’administration : Contrairement aux médicaments pharmaceutiques, les produits à base de cannabis médical peuvent varier considérablement en termes de puissance et de composition, ce qui complique la tâche des professionnels de santé lorsqu’il s’agit de prescrire des dosages précis. Les critiques affirment que cette variabilité peut entraîner des résultats de traitement incohérents et des problèmes de sécurité.
- Stigmatisation et perception : Malgré l’acceptation croissante du cannabis médical dans le monde, son utilisation est encore stigmatisée, ce qui peut entraîner des critiques de la part de conservateurs ou d’adeptes de la tradition. Certains critiques peuvent considérer le cannabis médical comme un prétexte pour un usage récréatif ou comme une menace pour les normes sociétales.