Cannabis light
Cannabis light en Europe : la Suisse à la manoeuvre
A la faveur d’un changement de loi, la Suisse a fait émerger un nouveau type de chanvriers en la personne des cannabiculteurs « lights ». Ces nouveaux entrepreneurs cultivent et vendent du cannabis tout à fait légalement en Suisse, pour peu qu’il contienne moins de 1% de THC. Non contents d’abreuver le marché helvète, ils exportent aujourd’hui des variétés à moins de 0,2% de THC dans toute l’Europe, y compris la France.
Le sujet laisse d’ailleurs perplexe les Douanes françaises qui continuent d’arrêter les envois de fleurs à la frontière. Mais une fois dans les mains des consommateurs, ces fleurs de chanvre ne peuvent être considérées comme des stupéfiants si leur taux de THC reste dans la limite des 0,2% autorisés. Une zone grise qui a permis à de nombreux producteurs suisses de faire croître leur business de manière exponentielle.
Nous avons contacté CBD420, un de ces producteurs suisses, pour leur demander leur vision de l’évolution du marché du cannabis light et du CBD en Suisse, en France et en Europe.
Quel a été le bilan de l’année 2017 en Suisse ?
Concernant l’année 2017 en Suisse, il y a eu une période de “buzz” qui a démarré en janvier 2017, soutenue par de nombreux articles dans la presse.
Sur la fin de l’année, nous observons une certaine stabilisation du marché en matière de consommation de fleurs. Malgré des prix extrêmement élevés en début d’année à cause d’une demande en forte hausse, des stocks insuffisants et des taxes importantes, l’explosion de la production courant 2017 a renversé la tendance concernant l’offre et la demande, ce qui a considérablement fait chuter les prix. De nombreux producteurs jettent déjà l’éponge et il faudra suivre de près l’évolution dans les années à venir. Pour l’instant, cette situation nous permet d’offrir des fleurs de cannabis CBD à des prix concurrentiels avec les prix du marché noir.
Quelles sont vos prévisions pour 2018 ?
Pour 2018, le marché suisse devrait rester stable en matière de consommation de fleurs. Nous nous attendons cependant à une nouvelle période de “buzz” étant donné que nous observons déjà une forte demande de plusieurs pays européens comme la France, l’Italie, l’Espagne, l’Angleterre et l’Allemagne. Néanmoins, les stocks de fleurs de qualité et respectant le taux de 0.2% pour les marchés européens restent très faibles à ce jour.
Début janvier, nous avons lancé une première gamme de produits CBD de qualité exceptionnelle grâce à notre partenaire au Colorado. Ces produits, tel que du baume, des huiles ou des bonbons permettront d’introduire une variété de produits issus du cannabis et de s’éloigner de l’image négative que peut avoir la “fumette”. Contenant des molécules de CBD nanoactivées et un taux de THC de 0% absolu, ces produits sont adaptés pour tous.
Comme l’a confirmé l’Organisation Mondiale de la Santé en décembre 2017, aucune étude n’a pu prouver que le CBD était psychotrope ou addictif. Nous sommes maintenant en mesure d’apporter toute une gamme de produits déjà largement consommés aux États-Unis et au Canada.
Quels sont les débouchés possibles ? On voit, par exemple, beaucoup de cannabis light en Italie, et quelques marques qui se montent en Pologne.
Aujourd’hui, la liste des débouchés possibles en Europe est sans fin… Développement du marché des fleurs CBD, développement d’un marché des compléments alimentaires, développement d’un marché cosmétique, développement d’un marché vétérinaire, d’un marché récréatif, ou encore d’un marché thérapeutique. Et nous ne sommes qu’à la naissance du premier marché mentionné.
Pour l’instant tributaires des gouvernements, nous opérons dans le cadre des législations actuelles et avec les produits adaptés. Il faut noter qu’à ce jour, les potentiels effets thérapeutiques du cannabis restent censurés par les autorités sanitaires et/ou médicales de chaque pays. Alors qu’il y a déjà un cruel manque d’informations sur le sujet, nous ne sommes pas autorisés à communiquer sur les effets bénéfiques que peuvent avoir nos produits.
Le marché de l’Italie est pour l’instant au même stade que la France avec peut-être un peu plus d’ouverture du côté italien. La difficulté aujourd’hui est d’obtenir des fleurs de qualités, telles que la Blue Dream, qui restent sous le taux de 0.2% THC imposé par l’Union européenne.
De nombreuses marques apparaissent en Europe, et principalement à l’Est, mais d’une manière générale, il est pour l’instant difficile d’évaluer la qualité des produits mis sur le marché.
Quid d’une légalisation du cannabis THC en Suisse?
A l’heure actuelle, il faut savoir qu’il n’y a pour l’instant aucune légalisation en Suisse. Ce qui a permis la naissance de ce marché du cannabis CBD est l’augmentation du taux de tolérance de THC à 1% pour le chanvre industriel en 2011 et les premières observations sérieuses sur les effets du CBD aux États-Unis à peu près au même moment.
En février 2017, SwissMedic et l’Office Fédéral de la Santé publique ont publié un “guide” pour encadrer la commercialisation et la consommation des produits CBD en Suisse. Nous estimons qu’il est pour l’instant trop tôt pour envisager une légalisation du « cannabis THC », soit récréatif.
L’avantage du cannabis CBD et des produits CBD est qu’il permet d’orienter le débat uniquement sur l’aspect bien-être que peuvent potentiellement apporter ces produits. Nous craignons qu’apporter des propositions de légalisation du cannabis récréatif aujourd’hui ait un effet négatif à court terme.
Nous pensons que le seul moyen de se diriger vers une légalisation au niveau européen est de passer par une introduction du cannabis qui permette de faire évoluer les mentalités positivement. Une fois l’utilisation du cannabis démocratisée, il sera plus abordable de (ré)introduire l’aspect récréatif.