Cannabis au Liban

Cannabis au Liban, un commerce pour survivre

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Le Liban est un pays connu pour son ouverture au monde occidental, sa frontière avec la Syrie, ses mezzes, mais également pour sa production de haschisch de qualité. Au Liban, le cannabis pousse rapidement et s’avère être un commerce fructueux pour les petits producteurs et les gros narcotrafiquants.

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Depuis les années 90, plusieurs gouvernements ont tenté d’éradiquer la production nationale. Un cuisant échec car la production annuelle augmente sans cesse. Désormais le cannabis n’est plus une priorité pour les autorités. L’urgence du moment consiste à surveiller les frontières pour maintenir la guerre civile syrienne à distance. Une aubaine pour les producteurs qui peuvent évoluer assez librement.

L’essentiel de la production s’effectue dans la plaine de Bekaa, non loin de la frontière syrienne. Cette région du Liban fournissait déjà les élites ottomanes en haschisch avant la première guerre mondiale dans une totale légalité. Sous mandat français, la production de cannabis fut interdite et traquée. L’instabilité politique du pays et de la région ont facilité l’explosion du cannabusiness illégal après la seconde guerre mondiale. La guerre civile, qui éclate en 1975, facilite alors l’émergence de groupe paramilitaires pendant 15 ans. Cette guerre est suivie d’une occupation du pays par la Syrie de 1991 à 2005. Un accord de paix sociale fut conclut entre militaire syriens et narco trafiquants. A cette époque, près de 50% des terres agricoles de la vallée de Bekaa étaient destinées à la production d’opium et de cannabis.

Prise de contrôle de la vallée par le Hezbollah

Le groupe paramilitaire du Hezbollah prend le contrôle de la vallée dans les années 90. En échange de la protection des intérêts syriens, l’organisation obtient des fonds et des moyens pour se développer. Cette amitié entre le régime syrien de Bachar el Assad et le Hezbollah est toujours d’actualité.

Aujourd’hui, le Hezbollah cherche à assainir son image. Il a donc laissé les familles rivales et les gangs s’occuper du marché cannabique. En théorie, les trafiquants se chamaillent peu. Cependant la crise et la violence font rage lors des mauvaises récoltes. La taille des champs augmentent de jour en jour, et on peut désormais toucher un kilo de shit pour 400€. Plusieurs familles contrôlent à présent des plantations géantes et contestent le pouvoir en place.

L’Etat qui cherche a reprendre la main-mise sur la région et éradiquer les champs se heurte aux fermiers et bandes armées qui défendent leur seule source de revenus. Il sont invités à produire d’autres denrées mais aucune ne semble aussi rentable que le cannabis. Ali Nasri Shamas, producteur de cannabis, se réjouit des déroutes de l’Etat libanais : « Si ils veulent qu’on arrête de produire, il va leur falloir beaucoup d’idées. Ils ne peuvent pas détruire nos plants, sinon nous mourrons de faim et ils le savent. » déclare-t-il à la BBC. « Si le gouvernement légalise au même titre que le tabac, nous payerons nos licences et nos impôts sans souci ».

De la suite dans les idées

Certaines voix s’élèvent pour une une légalisation du cannabis. Le leader druze Walid Joumblatt appelle à un mouvement national pour relancer l’économie du pays.. Certains commerçants comme Issa Faouzy proposent aux fermiers de se lancer dans la culture du raisin afin de relancer la filière vinicole du Liban et ainsi s’introduire dans l’économie légale. De quoi relancer l’activité économique de cette région devenue une terre d’asile pour les réfugiés syriens qui s’entassent dans les camps. On estime à 1.5 millions le nombre de réfugiés syriens au Liban.

Le Liban fourni 5 à 6% de la production de cannabis mondiale. Les destinations du fameux hashish sont multiples : pays du Golfe, Israël, Syrie et  Europe. Le poids du trafic de drogue au Liban pèserait près de 4.6 millards de dollars.

Théo Caillart

 

 

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