Cannabis en France

Le cannabis empêche-t-il de dormir ?

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Une récente étude de l’Inserm, de l’université et du CHU de Bordeaux fait les choux gras de la presse non-spécialisée qui s’est empressée d’imputer à la consommation de cannabis les problèmes de sommeil des jeunes en Université.

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Sommeil journalistique

S’il est attesté que le cannabis a des répercussions sur le sommeil, provoque-t-il pour autant des insomnies ? Quels sont réellement les effets du cannabis sur le sommeil ? Faut-il privilégier une indica ou une sativa ?

Tant de questions et, comme souvent avec le cannabis, des réponses complexes mais factuelles.

Cannabis et insomnie : une étude française

Une équipe de chercheurs de l’Inserm (l’institut qui lie consommation juvénile de cannabis et chômage) et de l’université et du CHU de Bordeaux a voulu savoir s’il existait une corrélation entre consommation de cannabis chez les jeunes et troubles du sommeil.

14 787 étudiants volontaires, membres de la cohorte i-Share, ont donc répondu à un questionnaire en ligne pour déterminer la fréquence de leur consommation de cannabis et la qualité de leur sommeil des trois derniers mois.

Dans le panel composé de 75,5% de femmes et d’un âge moyen de 20,4 ans, 3 030 (20,5 %) étudiants ont déclaré une consommation mensuelle de cannabis, 645 (4,4 %) une consommation hebdomadaire et 219 (1,5 %) une consommation quotidienne.

Les troubles de sommeil ont été catégorisés en 4 stades : le manque de sommeil, la mauvaise qualité de sommeil, la somnolence ou l’insomnie.

Dans l’ensemble de l’échantillon, 22,7 % souffraient d’insomnie, 18,3 % de somnolence, 22,4 % d’une mauvaise qualité de sommeil, 52,5 % d’un manque de sommeil.

Après ajustement, la probabilité d’insomnie était significativement plus élevée de 45% chez les consommateurs de cannabis par rapport aux non-consommateurs. Les estimations augmentaient régulièrement avec la fréquence d’utilisation, atteignant une probabilité d’insomnie 2 fois plus élevée chez les consommateurs quotidiens que chez les consommateurs occasionnels ou rares. Les résultats étaient similaires pour les autres troubles du sommeil.

L’étude conclut : « Ces résultats confirment l’existence d’une association entre la consommation de cannabis et les troubles du sommeil, en particulier l’insomnie, chez les étudiants en université. Bien que la direction et la causalité ne puissent être établies dans ce contexte, ces résultats suggèrent de mettre en garde les étudiants et les professionnels de la santé contre l’association entre la consommation de cannabis et les troubles du sommeil. »

L’étude ne conclut pas que le cannabis provoque des insomnies mais simplement que les personnes qui consomment du cannabis souffrent d’insomnie. Peut-être est-ce la raison de leur consommation ?

L’étude ne le dit pas, comme elle ne sait pas quels produits sont consommés, s’ils sont fumés, vaporisés ou ingérés, mélangé avec du tabac ou non, quel dosage, quels terpènes accompagnent les cannabinoïdes, etc…

Effets du cannabis sur le sommeil

Quels sont alors les effets du cannabis sur le sommeil ? Peut-on mieux dormir en consommant ?

Une chose est sûre, on peut en tout cas mieux s’endormir. Certaines variétés sont plus efficaces sur le sommeil que d’autres. L’idée préconçue voudrait que les variétés de cannabis indica soient davantage soporifiques.

Le cannabinol (CBN) présent en plus grande quantité dans de la weed un peu âgée aurait aussi des vertus sur le sommeil. Certains terpènes pourraient aussi jouer sur ce registre, rendant encore plus complexe la détermination de la causalité.

Côté études, le cannabis a bien un impact sur le sommeil. En particulier, certaines études ont montré que la consommation importante de cannabis diminue la latence d’endormissement et les réveils intempestifs après le début du sommeil, augmente le sommeil à ondes lentes et diminue le sommeil à mouvements oculaires rapides, en gros améliore le sommeil, tandis que le sevrage a l’effet inverse.

Cependant, les consommateurs chroniques de cannabis peuvent développer une tolérance aux effets du cannabis, ce qui entraîne une augmentation de la latence d’endormissement et une diminution du sommeil lent qui est essentiel à la restauration, à la récupération et à la mémorisation cérébrales.

Plus récemment, des études observationnelles ont révélé une fréquence accrue de troubles du sommeil avec l’augmentation de la consommation de cannabis chez les adolescents et les jeunes adultes.

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