Cannabis au Canada

Canada : 1er anniversaire de la légalisation du cannabis

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Joyeux canniversaire Canada ! Un an après la légalisation du cannabis, bilan du déploiement de sa régulation au Canada.

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Comme pressenti, la légalisation du cannabis dans un pays de la taille du Canada ne s’est pas déroulée comme prévue : pénuries, qualité variable, horaires d’ouverture restreints… S’il n’est pas question de revenir en arrière, c’est toutefois l’occasion de faire émerger des pistes d’amélioration. Après tout, ce n’était que la première année de légalisation après 95 ans de prohibition.

Santé et prévalence

Il faudra plusieurs années avant d’avoir un aperçu précis des effets de la légalisation du cannabis sur le système de santé canadien. Peu de statistiques sont parues mais entre 2017-2018 et 2018-2019, les hospitalisations au CHU de Québec chez les 10-24 ans pour un usage de cannabis sont passées de 18 à 6. Les accidents de la route sous cannabis ne semblent pas avoir augmenté non plus.

La consommation chez les jeunes n’a pas bougé, et l’augmentation globale de la consommation de cannabis de 14 à 16% chez les adultes semble davantage être liée à une plus grande facilité de parler de sa consommation qu’à une augmentation structurelle. L’augmentation est d’ailleurs notable chez les hommes de plus de 45 ans et chez les +65 ans. En lieu et place du petit cousin au CEGEP, c’est davantage mamie Gagnon qui s’allume une petite bûche pour soulager ses rhumatismes.

Ventes légales et marché noir

Au total, les ventes légales de cannabis ont atteint 100 millions de dollars par mois. L’industrie a également généré 8 milliards de dollars canadiens dans le PIB. Une récente étude estime que 10% des consommateurs ont consommé les deux-tiers du cannabis vendu légalement, une catégorie de personnes à ne pas négliger pour limiter la persistance du marché noir.

Le marché noir n’a d’ailleurs pas disparu, notamment en raison des gros consommateurs qui sont plus sensibles au prix, des différentes pénuries qui ont émaillé le déploiement de la légalisation et du manque de choix en variétés et en produits. Le cannabis légal est en moyenne 80% plus cher que le cannabis illégal. Rapporté à une consommation de 30g par mois, c’est une différence de 120 pièces par mois, un budget non-négligeable à l’année.

Les circuits de distribution différaient également par Etat. Là où l’Alberta dispose de 254 magasins privés, l’Ontario n’en a que 25 et le Québec 21. Ces deux provinces ont d’ailleurs annoncé leur intention de monter à plus de 40 d’ici le premier trimestre 2020. Au total, c’est environ 400 magasins au Canada, là où le Colorado, 15% de la population canadienne, en a ouvert 560. Un accès difficile au cannabis complique la transition du consommateur vers le marché légal, alors que son pusher peut être chez lui en 30 minutes.

Bourse

S’il y a eu un effet négatif majeur de la légalisation du cannabis, il aura été sur les cours en Bourse des producteurs sous licences (LPs). Alors qu’on assistait à une bulle insensée pré-légalisation, qui a majoritairement profité aux primo-investisseurs, ces derniers se sont rapidement défaussés après le 17 octobre 2018. Il est rare d’avoir une telle date butoir sur un marché, et donc une opportunité pour vendre en même temps au plus haut.

Par ailleurs, les promesses annoncées par les LPs en termes de production et de vente se sont avérées « légèrement » surgonflées, ce qui s’est aussi traduit par une baisse du cours des titres. Des scandales comme CannTrust ou l’éviction du CEO de Canopy Growth ont aussi entaché la confiance du marché.

La consolidation de l’industrie va se poursuivre encore quelques années, au fur et à mesure du déploiement des nouvelles régulations liées aux edibles et concentrés et de la distribution des nouvelles licences de production qui feront mécaniquement entrer de nouveaux acteurs.

Légalisation 2.0

Le premier anniversaire de la légalisation marque aussi l’entrée en vigueur de la légalisation 2.0 du cannabis, à savoir celle des aliments infusés et des concentrés. Ce nouveau segment de marché répondra à la fois davantage à la demande des consommateurs, voire à l’intérêt de personnes qui ne fument pas de cannabis, et à la poursuite de la lutte contre le marché noir qui fournit aujourd’hui les consommateurs canadiens en spaces cakes et autres dabs. Les produits ne devraient toutefois pas arriver en magasins avant fin 2019.

A qui a profité la légalisation ?

Et finalement, a qui a profité la légalisation ? Nous avions en fait tué le suspense dans l’oeuf en juillet 2018, expliquant que la légalisation allait profiter davantage aux personnes qui luttaient contre le cannabis et qui ont intégré les conseils d’administration des grands producteurs, ou aux gros producteurs déjà établis et bien financés, mais pas aux petits producteurs ou aux personnes précédemment condamnées pour des infractions qui n’en sont plus. Et nous avions vu juste.

Tout un pan de justice sociale a été oublié dans la régulation canadienne, au profit des prévisions de CA et d’un bétonnage réglementaire qui interdit dans les textes toujours le cannabis mais prévoit des dérogations strictes (possession, transport, production, transformation…).

Il ne faut toutefois pas oublier le consommateur qui peut désormais s’approvisionner légalement dans un magasin, avec peu de choix parfois et une qualité variable, mais avec du cannabis propre. Notre expérience à la SQDC a d’ailleurs été plutôt agréable. Les succursales publiques ne sont pas encore au niveau des coffees de Dam, des CSC de Barcelone, et très loin des dispensaires californiens, mais c’est un premier pas assuré.

Un dernier impact de la légalisation du cannabis au Canada : montrer au monde qu’une autre manière de réguler le cannabis est possible. Le Mexique devrait légaliser le cannabis d’ici quelques jours, la Nouvelle-Zélande en 2020, le Luxembourg avant 2022,  l’Afrique du Sud rapidement aussi (l’usage personnel est déjà légal), les Etats-Unis, chantre de la prohibition, sont dorénavant en première ligne de la légalisation avec 11 Etats ayant légalisé et 33 permettant l’usage médical… La nécessité d’une interdiction a largement vécu.

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