Quels arguments sont généralement avancés contre la légalisation du cannabis en France ?

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Le débat sur la légalisation du cannabis en France est pour l’instant quasiment inexistant. Quelques initiatives sont pourtant à noter :

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Pourquoi ce débat est-il si difficile à instaurer, et quels sont les arguments avancés contre la légalisation ou la dépénalisation du cannabis en France ?

La hausse de la consommation

Le première crainte exprimée est la hausse de la consommation. L’argument se base notamment sur l’exemple des Pays-Bas où le cannabis est toléré depuis 1976, et où la consommation a effectivement augmenté. Les conclusions des différentes études menées là-bas et dans les pays qui ont amorcé une dépénalisation depuis les années 2000 n’apportent en réalité pas de réponse tranchée. L’augmentation de la consommation de cannabis aux Pays-Bas est par exemple basée essentiellement sur le tourisme cannabique qui s’est développé autour des coffee shops. Aucune augmentation nette n’a clairement été isolée des chiffres relevés.

Un usage banalisé

La légalisation du cannabis en France pourrait envoyer un mauvais signal aux consommateurs, et en particulier chez les jeunes. La suppression des sanctions pénales liées à sa consommation risquerait de banaliser l’usage du cannabis. On peut néanmoins imaginer que la vente de cannabis en France se ferait sous contrôle de l’état, et que tout comme l’alcool et la cigarette, les mineurs, chez qui la consommation est plus à risques, ne pourraient pas se fournir en cannabis de manière légale.

Risques pour la santé

L’argument de la santé publique est en général avancé de manière unilatérale, et sans compromis. Les études scientifiques invitent plutôt à penser que le cannabis peut être nocif pour une certaine catégorie de personnes. La consommation de cannabis chez les plus jeunes pourrait entraîner une diminution des capacités cérébrales, calculées en termes de QI. L’augmentation des taux de THC et les différents moyens de consommation (dabbing, bangs et autres pipes à eau) pourraient influer négativement sur cette tendance. A noter que dans le cas des traitements thérapeutiques, les scientifiques s’intéressent plus au CBD, qui contrairement au THC n’a aucun effet psychotrope. En revanche, contrairement à la cigarette, le cannabis ne provoque pas d’emphysème, et contrairement à l’alcool, ne s’attaque pas aux principaux organes comme le foie, le pancréas, les reins ou l’estomac. Il existe parallèlement un risque minime d’addiction au cannabis, toujours moindre que la cigarette et l’alcool.

Les accidents de la route

Le cannabis, et plus particulièrement le THC, altère les capacités cérébrales. Fumer et conduire est donc un mauvais mélange, d’où certaines campagnes de prévention sur la consommation de marijuana avant de prendre le volant. Après les différentes vagues de légalisation aux Etats-Unis, le nombre d’accidents de la route dus à la consommation de cannabis n’a pas augmenté de manière fulgurante, comme certains s’y attendaient. Reste que la prévention est toujours très importante à ce niveau.

Vente de cannabis et crime organisé

Les détracteurs de la légalisation craignent que le commerce légal de cannabis ne tombe dans les mains du crime organisé, qui switcherait d’un commerce illégal à un business légal. L’Etat ferait donc affaire avec la mafia, qui pourrait exercer ses activités impunément. L’exemple de la mafia post-prohibition aux Etats-Unis qui s’est enrichie lors de la Prohibition et qui en est sortie plus forte ne fait effectivement pas rêver. Les temps et les moyens pour contrer le crime organisé ont néanmoins changé depuis le début du 20ème siècle. Et on espère que, si l’Etat devait gérer le commerce de cannabis en France, il checkerait à deux fois ses partenaires.

Concernant la difficulté à instaurer un débat, on peut distinguer en France trois blocages majeurs :

  • il n’existe pas en France de groupe de pression ou d’associations d’usagers qui collectivement aurait le poids de faire avancer le débat dans la société
  • la légalisation porterait atteinte à un certain nombre de groupes sociaux. On pense là aux vendeurs de spiritueux et d’anti-dépresseurs, concurrencés par l’arrivée sur le marché légal d’un cannabis récréatif
  • les entrepreneurs du climat sécuritaire actuel auraient également à y perdre. Il  est toujours intéressant d’avoir une criminalité autour des stupéfiants pour justifier les moyens policiers, pénitentiaires et judiciaires mis en œuvre

Chaque camp a ses arguments. Quand on y réfléchit, le premier réflexe est de comparer le cannabis à la cigarette et à l’alcool. Sans pour autant tenir de discours militant, on sait que ces deux substances, légalement vendues et taxées en France, sont addictives et engendrent des problèmes de santé publique. En creusant un peu, on s’aperçoit que le cannabis, pas inoffensif non plus, pourrait aider à contrer le commerce illégal, et créer de l’emploi, entre autres. Les bienfaits espérés valent-ils les risques imaginés ?

Nous n’avons pas la réponse pour l’instant. Et vous ?

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