L’année 2020 du cannabis

Malgré une année faite de stop and go en raison de la pandémie de coronavirus, le cannabis a vu des développements significatifs dans le monde, ouvrant des décisions aussi prometteuses que chaotiques pour 2021.

Reconnaissance internationale de l’utilité médicale du cannabis

Au niveau international, la Commission des drogues des Nations Unies a décidé, à la suite d’un long processus, de reclassifier le cannabis et reconnaître son potentiel médical. Bien que symbolique, cette décision a déjà eu des impacts et pourrait faciliter l’adoption du cannabis thérapeutiques par des pays jusqu’ici réticents.

Le monde s’ouvre

Sur le continent américain, la dynamique est plus que jamais à l’ouverture et à l’abolition de la prohibition, si ce n’est pas déjà fait :

• Le Canada devrait dépasser les 2,6 milliards de $CA (1,6 milliards €) de ventes de cannabis en 2020
• Les Etats-Unis comptent désormais 16 Etats où le cannabis est légal et 2 Etats où il est illégal. Tous les autres ont soit dépénalisé soit légalisé l’usage médical et/ou CBD. L’Illinois a vendu pour plus d’un milliard $ de cannabis en 2020.
• Le Mexique devrait légaliser en 2021, après avoir échoué à le faire en 2020
• L’Amérique du Sud s’ouvre globalement à la production massive de cannabis médicale pour les besoins locaux et pour l’export comme c’est le cas pour l’Uruguay ou la Colombie

Le cannabis est toujours plus largement dépénalisé dans les Caraïbes, en attente de légalisation pour certaines îles.

Côté asiatique, la Thaïlande fait toujours figure d’extraterrestre, même par rapport à l’Europe. Après avoir établi un système efficace de production et de dispensation de cannabis médical, elle teste désormais la culture de cannabis médical par des particuliers en plus d’avoir dépénalisé les drogues à usage médical.

Non loin de là, le référendum en Nouvelle-Zélande a échoué à faire passer sa mesure sur la légalisation du cannabis. En Australie, le cannabis médical se développe fortement et est désormais exporté jusqu’en Allemagne. Après avoir légalisé le cannabis en 2019, le Territoire de la Capitale Australienne veut dépénaliser de petites quantités de drogues.

En Afrique, l’Afrique du Sud a avancé sur sa légalisation du cannabis dont on connait désormais les premiers contours. Le Malawi, le Ghana, le Zimbabwe, le Rwanda et le Nigeria réfléchissent ou ont acté la légalisation du chanvre et/ou du cannabis médical pour l’export, confirmant le positionnement anticipé du continent sur le cannabis.

Israël a notamment avancé sur ses exportations de fleurs de cannabis, facilité l’accès national au cannabis médical et annoncé son intention de légaliser le cannabis en 2021.

Le Liban, terre de cannabis, a pour l’instant approuvé la culture de cannabis à faible taux de THC. Le Maroc est toujours en réflexion autour d’une potentielle légalisation.

L’Europe avance lentement

L’événement le plus marquant en Europe aura probablement été le verdict de la Cour de Justice de l’Union Européenne dans le cas Kanavape : le CBD n’est pas un stupéfiant et doit pouvoir circuler librement en Europe. La décision devrait constituer un tremplin important pour l’industrie européenne du CBD en 2021.

L’Allemagne a assisté à une croissance certaine du marché du cannabis médical, qui est toujours uniquement importé pour l’instant et davantage remboursé que les années précédentes.

Malte continue d’attirer les investissements et a délivré sa première licence de production de produits à base de cannabis médical.

Le programme pilote danois a offert un accès croissant au cannabis médical, faisant sans aucun doute du Danemark un futur acteur clé dans l’industrie et l’approvisionnement européens.

Les Pays-Bas ont entamé leur processus de production légale de cannabis récréatif en décernant les 10 premières licences, initiant l’ébauche d’un premier marché réellement réglementé en Europe.

Le Royaume-Uni a connu une dynamique positive de réforme, poussée par les patients et les associations. Le cannabis médical y est toujours difficilement accessible et fonctionne par autorisation individuelle sous la pression militante. Un programme privé de cannabis médical prévoit de fournir 20 000 patients à moindre frais. Une carte médicale, la Cancard, a par ailleurs été lancée pour protéger les utilisateurs médicaux ne pouvant s’offrir une ordonnance payante et consommant du cannabis illégalement des poursuites, à la discrétion finale des forces de police qui ont été sensibilisées au sujet.

En Irlande, les malades n’auront plus à se rendre aux Pays-Bas pour récupérer leurs traitements à base de cannabis.

La France stagne

Comme un malheur n’arrive jamais seul, la pandémie de coronavirus s’est vue accompagnée de l’amende cannabis à destination des consommateurs français, d’une énième annonce de guerre à la drogue et de poursuites qui persistent contre les vendeurs de fleurs CBD dans certaines régions françaises, et ce malgré la décision Kanavape.

Espoir cependant pour 3000 malades qui, malgré de nombreuses réticences et en vertu d’un effort politique certain, se verront probablement délivrer du cannabis médical en 2021. Aux dernières informations, les derniers délais annoncés seront tenus (les premiers délais étant sur un lancement de l’expérimentation début 2020).

Un front d’élus pro-légalisation a également vu le jour en 2020, réunissant des personnalités politiques habituellement conservatrices sur le sujet.

Côté CBD, la Mission d’information parlementaire sur les usages du cannabis, après un round d’auditions réalisées à l’été 2020, devrait publier un compte-rendu et ses recommandations sur la régulation du CBD en France à la mi-janvier.