Cannabis au Maroc
L’Afrique pourrait-elle être le prochain continent « vert » ?
Sur la période 1995 – 2005, 19 des 53 pays du continent africain ont déclaré avoir produit plus de 10500 tonnes de cannabis par an, soit 25% du total du globe selon les chiffres des Nations-Unies. Et environ 38 millions d’Africains consommeraient du cannabis chaque année, soit 7,7% de la population adulte, au-dessus de la moyenne mondiale à 3,3%.
L’année dernière, le Lesotho est devenu le premier pays africain à accorder une licence pour du cannabis médical, à destination d’une entreprise sud-africaine. C’est aussi la première fois que le cannabis était vu comme une source de revenu sur le continent plutôt qu’une activité criminelle.
Le Lesotho est certes un pays agricole, 75% de sa population vivant de l’agriculture, mais les fermiers du Lesotho cultivent déjà du cannabis depuis des années, pour l’exporter notamment en Afrique du Sud ou en Europe. Pour l’instant, le pays s’en tient à cette unique licence qui pourrait donner des idées à ses voisins, notamment le Swaziland.
L’Afrique du Sud a par ailleurs légalisé l’usage personnel et l’autoculture du cannabis l’année dernière, la Cour Constitutionnelle jugeant que ces interdictions n’étaient pas constitutionnelles. Le Parlement sud-africain doit toujours transformer cette décision en loi, ce qui n’empêche pas certains coffeeshops de s’ouvrir.
Plusieurs autres pays africains s’intéressent de près ou de loin à réformer leurs lois sur le cannabis :
- le Ghana a indiqué son souhait de dépénaliser toutes les drogues
- Le Zimbabwe envisage de légaliser le cannabis pour attirer des investisseurs
- Le Malawi est connu pour sa qualité de cannabis de qualité, avec notamment la Malawi Gold. Le pays cultive déjà du chanvre.
- Le Maroc produit pour 10 milliards de dollars de hash chaque année, un commerce qui ferait vivre 800000 personnes
- Le Swaziland s’intéresse de près à la légalisation du cannabis pour des raisons économiques
Le chanvre industriel pourrait également représenter une manne financière importante. Sa demande a augmenté de 233% dans le monde entre 2009 et 2011, et les importations de chanvre ont été multipliées par 20 en 2010 en Afrique du Sud. Le chanvre est une plante facile à cultiver, qui n’a pas besoin de beaucoup d’eau et dont les applications sont innombrables.
Si le cannabis était cultivé et vendu légalement en Afrique, l’économie qui en résulterait pourrait aisément supplanter celle des Etats-Unis. Les estimations tournent autour de 80 milliards de dollars par an. Une partie des bénéfices pourrait aller aux petits cultivateurs, mais beaucoup craignent que la légalisation aille dans les mains de grandes entreprises qui auraient peu d’intérêts pour les intérêts locaux.