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Cette ville remplace ses prisons par des plantations de cannabis
Adelanto est une petite ville du sud de la Californie, située en plein désert. Elle héberge une communauté assez pauvre et qui tirait jusqu’à maintenant l’essentiel de ses revenus des 4 prisons de la ville, avec 3400 prisonniers pour 31000 habitants. Frappée de plein fouet par la bulle immobilière, c’est presque devenue une ville fantôme.
Lorsque les citoyens de Californie ont voté pour changer les lois sur le cannabis et permettre son usage médical, Adelanto a interdit tous les dispensaires dans son voisinage. Prenez ça comme un reste de la culture de guerre contre les drogues. Ces communautés reculées ont souvent eu des problèmes avec les drogues ; le problème était sans doute que la prohibition n’était pas assez forte. Les arguments économiques en faveur de la vente de cannabis ont trouvé peu d’oreilles.
Et quand de potentiels investisseurs du cannabis sont venus pour la première fois à Adelanto, presque tous les membres du Conseil de la Ville étaient contre. L’exception était John « Bug » Woodard Jr. « Je n’avais rien à perdre » se plait à dire Woodard, qui travaille comme agent immobilier. « La ville ne pouvait pas se retrouver en pire état qu’elle n’était déjà. Nous étions fauchés ».
Après un an de débats tendus, Woodard n’a pu persuader la ville d’approuver les dispensaires. Mais le Conseil a voté à 4 contre 1 pour permettre la culture de cannabis.
Adelanto a donc postulé pour devenir la deuxième ville du Sud-Californie à pouvoir cultiver du cannabis. Adelanto gagnait 160 000 $ avec ses prisons. Elle espère gagner 12 millions de $ par an avec les 27 cultivateurs autorisés. Les permis sont donnés pour un an, ce qui laisse le temps à la ville de voir si cette transition économique se déroule bien. Les plantations ne sont pas autorisées à proximité des parcs, des écoles et des églises, et doivent sécuriser leur accès avec des caméras de sécurité et des alarmes. En revanche, toujours pas de dispensaires autorisés.
Les conséquences se font déjà sentir. Le prix du m² de terre a grimpé en flèche, attisé par une nouvelle fièvre agricole. Et plusieurs personnalités du cannabis sont attirées par cette nouvelle terre promise. Un des fils de Bob Marley, Ky-Mani Marley, a décroché une licence pour faire pousser une variété particulière de cannabis. Tommy Chong se montrerait très intéressé, tout comme B-Real de Cypress Hill.
Cette ville qui était réticente à tout changement accueille aujourd’hui ces nouveaux industriels et hommes d’affaire les bras ouverts. Ce n’est pas pour rien qu’adelanto signifie « progrès » en espagnol !