Cannabis au Canada

Il y a 4 ans, le Canada légalisait le cannabis

Published

on

S’il était un chiffre à retenir de ces 4 ans de légalisation du cannabis au Canada, ce serait probablement que 68% des consommateurs se fournissent désormais au marché légal selon les estimations de Statistique Canada.

PUBLICITE

Le grand gagnant de la régulation n’est toutefois pas l’amateur de cannabis mais le gouvernement canadien qui, alors qu’il dépensait environ 440 millions $CA par an pour l’interdiction des drogues, récolte aujourd’hui 250 millions $CA par an en taxes directes et a généré plus de 15 milliards $CA de recettes fiscales depuis la légalisation.

A titre de comparaison, le marché du cannabis légal représente la moitié du marché de la bière au Canada en juillet dernier, avec 395 millions $CA de ventes, 10 fois plus qu’au premier mois de légalisation, avec plus de 3300 magasins sur son territoire, 33 fois plus qu’en octobre 2018.

Alors, bien sûr, la régulation n’est pas parfaite. Le pays est d’ailleurs en train d’examiner sa légalisation pour évaluer le travail accompli et apprendre comment et où s’adapter pour atteindre ses objectifs de protection de la santé publique et de maintien de la sécurité publique.

Consommateurs comme industriels demandent, eux, un assouplissement des régulations trop strictes. Tout ce qui n’est pas vendu légalement continue en effet à l’être au marché noir. La plus française des provinces canadiennes interdit par exemple toujours les edibles ou les cartouches THC à vaper, qui ne sont pas difficiles à trouver en-dehors des étagères de la SQDC. Le Québec restreint aussi l’autoculture du cannabis. Et seules 98 succursales ont ouvertes en 4 ans, avec des prix assez élevés, des horaires parfois étriqués et des possibilités de livraison fluctuantes, alors que l’Ontario a ouvert plus de 1500 magasins sur la même période pour une population deux fois plus élevée.

De leur côté, les entreprises du cannabis dénoncent des taxes trop fortes qui les empêchent de générer des bénéfices — et de contenter leurs actionnaires. Un investissement de 100$ CA réalisé dans Canopy Growth le 17 octobre 2018 — jour de la légalisation du cannabis — ne vaut plus que 5,16 $CA. Les prévisionnels trop élevés, la forte concurrence et la baisse des prix de vente sur le marché récréatif ont entraîné la chute de nombreuses entreprises de production ou de vente au détail.

Le modèle des micro-licences redonne un second souffle aux petits producteurs qui peuvent se lancer dans la production ou la transformation de petites quantités de cannabis, généralement en circuit court, et avec des produits beaucoup plus artisanaux que les grandes salles blanches des gros LPs.

Quid de l’impact sur la santé publique ? Le Canada n’a pas vu arriver des cargaisons massives d’héroïne ou de crack dans les poches des pushers et les adolescents ne se sont pas jetés sur le cannabis comme l’aiment à répéter les défenseurs de la prohibition.

Les plus jeunes consomment d’ailleurs moins de cannabis depuis la légalisation et l’augmentation de la consommation au Canada, attribuée notamment à la plus grande disponibilité du produit, à la plus grande facilité d’en parler et aux périodes de confinement, suit globalement les tendances mondiales, sans explosion notable jusqu’ici ni de la consommation ni des consommations problématiques ni des psychoses et autres maladies mentales.

Le Canada a donné des idées à un nombre croissant de pays, dont le Luxembourg, Malte, l’Allemagne, la Thaïlande ou la République Tchèque, qui s’efforcent de mettre en œuvre une légalisation à l’échelle nationale. Même le gouvernement fédéral des États-Unis a récemment fait un petit pas vers la réforme de ses lois sur le cannabis.

L’ambition du Canada ne s’arrête toutefois pas là. La task force chargée de sa régulation espère en effet arriver à 80% de marché légal d’ici 2028.

Click to comment

Trending

Quitter la version mobile